Mères et bébés en prison : l’expérience du groupe nurserie à la Maison d’arrêt pour femmes de Lyon-Corbas

Résumé Fr En

Dans cet article, nous présentons un groupe mère-enfant/femmes enceintes mis en place à la nurserie de la Maison d’arrêt pour femmes de Lyon-Corbas et animé par une psychologue et une pédopsychiatre familiarisées au travail mère-enfant en « psychiatrie ordinaire ». Les femmes rencontrées nous ont confrontées à des questions propres aux structures de personnalités limites interrogeant la place de l’enfant présent ou à venir à la lumière du lien primaire et archaïque de la femme à sa propre mère qui vient alors freiner, supplanter, ou effracter le lien de la femme à son bébé…Comment tisser ou même imaginer un lien mère-enfant chez ces femmes en souffrance identitaire et narcissique, où ruptures, discontinuité et destructivité rythment la vie psychique et quotidienne? De quel enfant s’agit-il ? Comment soutenir l’accès à la maternité dans ce lieu si particulier qu’est la détention et quelles sont les répercussions propres à l’univers carcéral ? Enfin, quelle enveloppe soignante et quel dispositif peut-on élaborer, installer et soutenir?

In this article, we present a mother-child/pregnant women’s group set up at the Nursery of the women’s prison in Lyon-Corbas and run by a psychologist and a child psychiatrist used to working with mothers and their children in “ordinary psychiatry”. The women we met confronted us with questions specific to borderline personality structures questioning the place of the child, present or future, in the light of the primary and archaic bond between the woman and her own mother, which curbs, supplants or encroaches on the woman’s bond with her own baby… How can we weave or even imagine a mother/child bond with these women in the grips of narcissistic and identity-related suffering, where ruptures, discontinuity and destructiveness punctuate psychic and daily life? Which child is it? How can we support access to maternity in this very peculiar place of detention and what are the repercussions specific to the prison environment? Finally, what kind of caring envelope and structure can be elaborated, established and supported?