2011
Anne-Marie Pailhès, « Stratégies de retrait social des "perdants de l'histoire" : communautés alternatives sous la république de Weimar et en Allemagne de l'Est après 1990 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.tvbif3
En période de crise économique, les professions intellectuelles sont souvent dévalorisées et certains de ceux qui les exercent font face au déclassement social, grossissent les rangs des " perdants de l'Histoire " et se tournent vers la recherche d'une subsistance. Ainsi, les mouvements d'avant-garde liés à la " réforme de l'existence " (Lebensreform) de la fin du XIXe siècle et du début du XXe ont connu une prolongation dans les formes de vies communautaires offrant un refuge à nombre d'intellectuels et d'artistes pendant la crise économique des années 1920. Un courant d'idées a fructifié grâce à la situation économique et sociale précaire d'une classe sociale. Après 1968, certaines analyses ont vu dans les nouveaux " communards " les enfants déçus du renouveau économique de l'après-guerre. L'unification allemande de 1990 a quant à elle directement mené au déclassement de milliers d'universitaires et d'intellectuels de l'ex-RDA victimes d'une épuration politique et de la mise à l'écart de tous ceux qui avaient collaboré de près avec le régime est-allemand. Par ailleurs, on a noté dans les années 1990 la multiplication de communautés alternatives établies en Allemagne de l'Est, où l'on retrouve par exemple un certain nombre d'Allemands de l'Est qui ont fait des études de sciences humaines et sociales. Est-il possible de comparer le phénomène communautaire de plusieurs périodes de l'Histoire allemande ? En quoi l'analyse des communautés comme refuges des perdants de l'Histoire est-elle ou non pertinente à ces différents moments ? Ces aspects sont développés dans une contribution qui s'appuie, pour la période de Weimar, sur les travaux d'Ulrich Linse et pour la période la plus récente, sur une série d'enquêtes biographiques réalisées dans des communautés d'Allemagne de l'Est.