2019
Cairn
Hedwig Marzolf, « L’espace de la philosophie. Réflexions sur le rapport entre les Lumières publiques, la mondialisation et le voyage chez Rousseau », Revue de métaphysique et de morale, ID : 10670/1.twlvh8
Dans sa généalogie de l’espace public, Habermas met à l’écart Rousseau au motif que, pour ce dernier, il se produit sur la place publique, où se rassemble le peuple, un consensus des cœurs plutôt qu’un accord rationnel. De ce même motif, on propose ici de tirer une autre conclusion : non pas l’absence chez Rousseau d’un espace public, mais le problème que ce dernier suppose de résoudre, à savoir l’incapacité des Lumières publiques à rassembler le peuple. En s’appuyant en particulier sur des notations de l’Émile, on met au jour la logique contradictoire qui fait de la mondialisation et sa dynamique de privatisation, poussées à son paroxysme dans le despotisme de la philosophie, une possibilité des Lumières publiques. On recherche alors dans le voyage de la philosophie, appelé de ses vœux par Rousseau dans la fameuse note du Discours sur l’origine de l’inégalité, une manière d’échapper à cette logique contradictoire : celui-ci, qu’il soit le privilège de quelques philosophes ou qu’il désigne plus largement une sorte de sens commun, permet de penser la possibilité de l’espace public sur l’horizon du monde commun.