2 mai 2012
Till Kuhnle, « Hugo Pratt: " Una Ballata del mare salato / La Ballade de la mer salée / Die Südseeballade " », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.twqf2w
Le 1er novembre 1913, un naufragé est sauvé par les pirates à bord du catamaran : Corto Maltese. Publiée en 1967, il s'agit de la première aventure du marin sans navire qui marquera toute une génération de lecteurs de bande dessiné : " La Ballade de la mer salée ". Et son créateur Hugo Pratt le fait entrer en scène dans une pose de crucifié. Né en 1887 à Malte d'une tsigane espagnol et d'un marin de Cornouailles, Corto est éduqué par un Rabbin pour chercher ensuite l'aventure à la périphérie de l'Histoire. Par sa biographie, ce personnage fait écho de cette héroïsation de la bâtardise qu'on peut trouver chez Gide, selon qui le bâtard est l'image même d'un individu entièrement libre. Le bâtard ne connaît pas le fardeau de la généalogie qui lui assigne une place dans le monde ; l'aventurier ne se soumet point aux impératifs de l'utilité et donc des devoirs de citoyen. De fait, il s'agit d'un héros bien existentialiste qui refuse de s'arrêter sur le passé : "S'arrêter ainsi dans le passé... c'est comme garder un cimetière ". Situés à la périphérie de l'Histoire et de la géographie, les épisodes de Corto marquent la quête de l'aventure et ainsi celle de l'authenticité. L'article propose des considérations philosophico-littéraires sur le personnage de Corto et sur le 9e art. Autres auteurs et artistes cités : H. Bogarth, Borges, Fattori, Hegel, Hesse, Manara, Sartre, Schiele, C. Schmitt, R. Steiner, Stevenson, Trelawney.