La production du conspirationnisme [Préface]

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2020

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Emmanuel Taïeb, « La production du conspirationnisme [Préface] », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.twxcyd


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Sans les forces sociales qui les portent, les idées ne sont rien. Elles demeurent en réserve, sous des formes diverses, accumulant les énonciations et les investissements variés dont elles ont fait l’objet historiquement. Ces montages anciens, toujours disponibles, sont sollicités et réactivés par des groupes sociaux qui y voient un intérêt à le faire. La « complographie », qu’évoque Eva Soteras dès l’entame de son ouvrage, la dénonciation systématique du complot, le discours conspirationniste, apparaît comme une co-production entre idées et acteurs sociaux. Le conspirationnisme contemporain est ainsi produit par des forces sociales identifiables qui en font un levier pour exister politiquement. Contrairement aux rumeurs, par exemple, qui sont fabriquées collectivement, sans que jamais une source originelle puisse leur être attribuée, le conspirationnisme est produit comme tel, dans des livres, des films, des séries, des chansons, ou des sites dédiés. Dans les pays occidentaux, la lecture complotiste du monde est défendue sans relâche par des maisons d’édition, des groupes virtuels en ligne, ou bien réels, et des contempteurs de la conjuration globale qui asservit les peuples. Ces acteurs, devenus entrepreneurs et diffuseurs du conspirationnisme, ambitionnent de déciller les yeux des profanes et de leur faire jouer un rôle politique dans le renversement des supposés comploteurs.

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