2009
Cairn
Susan Silbey et al., « The “sociological citizen” relational interdependence in law and organizations », L'Année sociologique, ID : 10670/1.u63jp7
Dans cet article, nous développons trois exemples de ce que nous appelons des “Citoyens sociologues” (des employés chargés de vérifier le respect des normes de sécurité et de l’environnement, des procureurs et des cadres d’entreprise), qui considèrent leur travail et se considèrent eux-mêmes comme faisant partie d’un réseau complexe d’interactions et de processus, et non comme occupant un poste avec des intérêts et des responsabilités limités. Au lieu de se spécialiser étroitement, et de ne prendre en considération que de façon épisodique les connections plus larges et les répercussions de leurs actions, ces acteurs considèrent leur organisation ou leur état comme le résultat de décisions, d’indécisions, de processus d’essais et d’erreurs, et non comme le résultat d’une action rationnellement organisée . Dans cette entité dynamique, ils conçoivent leur propre rôle comme insignifiant en soi mais essentiel à l’ensemble. Nous situons d’abord cette observation dans la notion de fait social de Durkheim, puis nous faisons l’hypothèse que les sciences sociales du XXe siècle ont produit une conception réifiée des relations sociales qui masque inutilement ce travail quotidien de construction sociale dans la pratique. À l’inverse, une analyse partant de l’hypothèse d’un “Citoyen sociologue” permet d’explorer plus systématiquement les variations de performance des organisations. Nous suggérons, premièrement, que la perception de la structure de l’action sociale et des interdépendances relationnelles par les acteurs peut varier de manière prévisible. Deuxièmement, nous estimons que cette perception des interdépendances relationnelles peut affecter, à son tour, la performance des différents rôles.