Le système d'élevage de la bannière Ujumqin de l'Ouest. Mongolie-Intérieure, Chine

Résumé En Fr

This work consists in a study about the present agrarian situation of a small area of Inner Mongolia (People’s Republic of China) ; the final aim is to understand the global trajectory of the evolution of the ecosystem, and of the systems of production in the Ujumqin Banner (Xilin Gol League). The physical study (climate, ecosystem and topography) demonstrates the existence of two seasons, the pasture yields of which being very unequal. Winter is corresponding to the season of lowest pasture yield, and is directly limitating the size of the livestock, by the weakness of its fodder ressources. In 1958, as the collectivisation of the agriculture happened (the People’s Communes), the breeding system of the region is reaching the limit of its feeding capacities, for the winter migrations out of the banners were forbidden. The growth of the livestock between 1958 and 1978 is precipitating the whole animal husbandry into an overgrazing crisis : crisis of the feeding system and, in the same time, crisis of the ecosystem. The introduction of the mowing and the decollectivisation of 1982 (redistribution of the livestock) will release the situation, by a complete change in the breeding system : it has been converted into a pastoral and transhumant system, associated with mowing, based on family exploitations, owners of their livestock, and socially differenciated by the capacities of their mowing equipment. It allows to distinguish two types of exploitation : exploitations owning their mowing equipment, and non-equipped exploitations. Those two types are actually overshooting the social threshold of reproduction in China (seven hundred yuan by worker and by year), but at the price of an overgrazing crisis. The only solution to remedy the non-reversing evolution since 1958, and to avoid a new mortality crisis for the livestock, would be as follows : to increase the fodder ressources of the grasslands during the winter, and, consequently, to evolve bit by bit toward an agro-pastoral breeding system.

Il s’agit d’une étude de la situation agraire actuelle d’une petite région de Mongolie-Intérieure (République populaire de Chine) visant à saisir la trajectoire globale d’évolution de l’écosystème et des systèmes de production de la bannière Ujumqin de l’Ouest (ligue de Xilin Gol). L’étude physique (climat, écosystème et topographie) permet de montrer l’existence de deux saisons qui se distinguent par des niveaux de rendement fort différents. L’hiver correspond à la saison de l’étiage, et c’est elle qui limite directement, par la faiblesse de ses ressources fourragères, la taille du cheptel. En 1958, lors de la collectivisation de l’agriculture sur le modèle des communes populaires, le système d’élevage de la région atteint la limite de son système d’alimentation, les migrations hivernales hors des bannières étant interdites. La croissance du cheptel entre 1958 et 1978 va précipiter l’ensemble de l’élevage vers la crise du surpâturage, à la fois crise du système d’alimentation et, plus grave, crise de l’écosystème. Ce n’est qu’après l’introduction de la fauche et la décollectivisation de 1982 (redistribution du cheptel) que cette situation va pouvoir se débloquer, transformant radicalement le système d’élevage : un système pastoral transhumant à fauche associée, des exploitations familiales, propriétaires de leur cheptel, une différenciation sociale fondée sur des capacités de fauche différentes, qui distingue deux types d’exploitations : les exploitations équipées du matériel de fauche et les exploitations non équipées. Ces deux types d’exploitations dépassent largement le seuil social de reproduction en Chine (sept cents yuan par actif et par an), au prix de leur entrée dans un cycle de surpâturage. Seule solution pour remédier au caractère irréversible de l’évolution suivie depuis 1958 et pour éviter au système de se précipiter dans une nouvelle crise de mortalité du cheptel : augmenter les ressources des pâturages d’hiver et passer petit à petit à un système agro-pastoral.