L'économie de la preuve en pratique : Les catégories de l'entendement policier

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2009

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Laurence Proteau, « L'économie de la preuve en pratique : Les catégories de l'entendement policier », Actes de la recherche en sciences sociales, ID : 10670/1.ub54zb


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Sur la base de données empiriques recueillies lors d’une enquête menée essentiellement auprès de services d’investigation (brigades des mineurs, des stupéfiants et des mœurs, criminelle) d’un commissariat de sécurité publique d’une ville moyenne de province, cet article traite d’un dispositif central de l’administration de la preuve et de la reproduction du corps : l’interrogatoire. Pourtant indispensables à l’enquête policière, les techniques d’interrogatoire sont paradoxalement peu apprises à l’école de police, faiblement encadrées par le code de procédure pénale et guère détaillées par la doctrine. Aussi, les savoirs mobilisés lors de l’interrogatoire sont-ils essentiellement construits par et pour la pratique policière. C’est par imitation des « anciens » que les novices les acquièrent et intériorisent, par là même, les manières de faire, de penser et d’être policières. La maîtrise de ces savoirs pratiques distingue d’autant plus dans l’univers professionnel que l’interrogatoire est souvent le cœur de l’enquête. Les formes rudimentaires de classification et les techniques élémentaires d’extorsion mobilisées lors de cet exercice fabriquent non seulement l’aveu, mais permettent aussi la transmission des savoirs de police d’investigation : les « coupables » s’y découvrent et les héritiers s’y forment.

The economics of practical evidenceOn the basis of empirical data collected during the study of the investigative branches (underage policing, drug enforcement, criminal police) of a police precinct in a middle-sized provincial town, this article deals with a central mechanism for administering evidence and for reproducing the police as a corps: interrogation. Although they are indispensable in the framework of a police investigation, interrogation techniques are hardly taught within the police academy. They are not really specified by the code of penal procedure, and weakly defined in the doctrine. As a result, the knowledge mobilized during interrogation sessions is essentially developed by and for police practice. It is by imitating the elders that the recruits acquire and internalize such skills, as well as the know-how and the mode of thinking and being that defines the police. Mastering this practical knowledge is a distinctive professional asset to the extent that the interrogation is often the heart of the investigation. The rudimentary forms of classification and the techniques of extortion mobilized during this exercise do not only produce confessions: they also allow for the transmission of investigative knowledge, for the discovery of the “culprit,” as well as for the training of heirs.

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