7 mars 2022
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/
Sarra Mezhoud, « Queer Tattoo. Ruth Marten ou la performativité féministe du tatouage sur la scène underground new-yorkaise des années 1970 », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.uba69j
Au début des années 1970, Ruth Marten est la seule femme artiste tatoueuse à New York. Elle s’insinue dans le monde du tatouage régi par des codes masculins et crée une nouvelle esthétique émancipatrice au service des revendications féministes et des identités subversives naissantes sur les scènes underground. Sous son aiguille, le tatouage devient une performance « inclusive » lors de laquelle tatoueuse et tatoué(e)s s’accomplissent. Le tatouage le plus emblématique de Ruth Marten est probablement celui qu’elle réalise sur le dos d’Ethyl Eichelberger. Acteur, performeur drag queen et homosexuel, il se produit dans les clubs de l’East Village, où son tatouage se révèle à la fois comme un élément important de ses représentations théâtrales et comme la personnification de son identité queer. Quelques exemples des photographies des œuvres tatouées ainsi que des écrits de Ruth Marten parvenus jusqu’à nous sont analysées sous l’angle des différents entretiens qu’elle accorde depuis 2013 et mettent en avant une production artistique alternative pionnière dans le mouvement vers la reconnaissance du tatouage comme forme artistique dont s’emparent au même moment les quêtes identitaires effervescentes.