L’« effet Derrida » en Afrique du Sud : Jacques Derrida, Verne Harris et la notion d’archive(s) dans l’horizon post-apartheid

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2020

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Marie-Aude Fouéré, « L’« effet Derrida » en Afrique du Sud : Jacques Derrida, Verne Harris et la notion d’archive(s) dans l’horizon post-apartheid », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.ucdhjf


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Cet article interroge la rencontre entre le monde des archives de l’État sud-africain et la philosophie de Jacques Derrida par l’intermédiaire de l’archiviste Verne Harris. Il apporte plus largement un éclairage original sur la fortune de l’ouvrage Mal d’archive et de la notion derridienne d’« archive », au singulier, au sein du tournant archivistique et dans l’espace intellectuel internationalisé contemporain. Son objectif est d’élucider les conditions de possibilité du transfert et de la réinterprétation de la notion d’« archive », telle qu’exposée dans Mal d’archive, afin d’élaborer un outil épistémologique de refondation des archives sud-africaines. Au-delà, il s’est agi, pour les passeurs d’« archive », de tenter de réinventer la nation sud-africaine au moment historique de la sortie de l’apartheid dans les années 1990. Dans un pays aux prises avec des archives qui documentent avant tout les politiques d’un État raciste, « sinistre boursouflure sur le corps du monde » selon Derrida, l’« archive » paraissait à même de raccorder des champs habituellement dissociés – l’archivistique, la politique et l’éthique. Les liens que Derrida tisse entre archive(s), savoir, pouvoir et mémoire et l’engagement politique précoce du philosophe contre l’apartheid expliquent l’attention portée à Mal d’archive à l’horizon des enjeux de mémoire, de réconciliation et de pardon, mais aussi d’oubli, auxquels l’Afrique du Sud était alors confrontée.

This article explores the encounter between the world of the state archives of South Africa and the philosophy of Jacques Derrida as mediated by the archivist Verne Harris. More broadly, it sheds an original light on the fortune of the book Mal d’archive (published in English as Archive Fever) and Derrida’s notion of “archive” in the singular within the archival turn and contemporary internationalized intellectual space. In so doing, it aims to elucidate the conditions of possibility for the transfer and reinterpretation of the notion of “archive” as formulated in Mal d’archive, and thereby to create an epistemological tool for the refoundation of South African archives. Beyond this, those who reappropriated the “archive” strove to reinvent the South African nation at the historic moment of its emergence from apartheid in the 1990s. In a country struggling with archives that documented above all the policies of a racist state—“a sinister swelling on the body of the world” according to Derrida—, the “archive” seemed able to connect usually dissociated fields: the archival, the political, and the ethical. The way that Derrida’s reflection weaves together archive(s), knowledge, power, and memory, as well as his early political engagement against apartheid, explain the attention paid to Mal d’archive in a South African context that brought into play issues of memory, reconciliation, and forgiveness, but also of oblivion.

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