5 décembre 2023
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Solène Amice, « La sauvegarde à l’œuvre. Grande Guerre et politique patrimoniale en France », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.udp7r4
La Grande Guerre provoque en France des destructions patrimoniales inédites qui sidèrent les opinions publiques occidentales. L’organisation de la sauvegarde du patrimoine par les pouvoirs publics apparaît immédiatement comme un défi logistique, technique, matériel, militaire et humain. Cette thèse s’attache à considérer les politiques de sauvegarde du patrimoine mises en œuvre durant la Grande Guerre par les autorités publiques françaises et les conséquences de celles-ci dans l’après-guerre. L’historiographie a généralement privilégié les questions relatives aux destructions patrimoniales ainsi qu’à la protection allemande du patrimoine français, alors que les problématiques liées à la sauvegarde patrimoniale et aux restitutions semblent plutôt « dater » du second conflit mondial. À partir de l’étude de la politique de protection du patrimoine menée par l’État français durant le premier conflit mondial, en l’appréhendant tant dans ses logiques administratives, institutionnelles que dans ses pratiques et ses réalisations concrètes sur le front, ce travail entend mettre en lumière comment une société réagit à la destruction de son patrimoine et d’objets auxquels elle se considère liée. Il a pour but de réfléchir à la manière dont la guerre constitue ou non un tournant de ces politiques, et comment, dans l’intégralité des processus de mobilisation et de totalisation qu’elle induit, elle contribue à faire évoluer la conception et l’étendue de l’action de l’État en matière patrimoniale tout en redéfinissant le patrimoine national, tant dans les discours que les objets concernés. Elle entend également illustrer, à partir d’un cas d’étude concret – celui de la structure du service de Protection des monuments et œuvres d’art en zone des armées né en 1917 –, sur quels principes et par quelles modalités une administration se met en guerre pour garantir la pérennité de son action dans une situation de forte déstabilisation et la manière dont s’élabore une conservation opérationnelle du patrimoine en temps de guerre, dotée d’un corpus de techniques et de pratiques développées sur le front. Enfin, cette thèse vise à décloisonner la période de la guerre en envisageant la mémoire de la sauvegarde ainsi que l’héritage de celle-ci dans l’élaboration des plans de protection du patrimoine en cas de guerre durant les années 1930. L’objectif est de mener une histoire plurielle – une histoire du goût, des techniques et pratiques employées – dépassant la stricte histoire administrative et institutionnelle tout en considérant la circulation des biens culturels français durant la guerre et dans l’après-guerre.