La cité fictive. Les collections de cardinaux, à Rome, au XVIe siècle

Résumé Fr

La cité fictive est constituée de trois volets. Cet essai remet en question la notion de mécénat auquel le collectionnisme est trop couramment associé. L'ampleur, la spécificité du collectionnisme antiquaire pratiqué de façon systématique et à grande échelle par les cardinaux romains permet d'étudier le collectionnisme comme une pratique sociale et intellectuelle autonome. Dans un premier temps c'est la spécificité du marché romain des oeuvres d'art qui est étudiée : en liaison avec les traditions du don, de l'échange et de l'hommage dans une société hiérarchiquement structurée mais ouverte aux carrières individuelles. La seconde partie évoque une conjoncture précaire de l'histoire romaine, les années 1480 et 1511-1517. Le collectionnisme s'y est accrédité et diffusé dans une phase difficile des relations entre la «Rome des papes» et la «Rome des Romains». L'assimilation des cardinaux aux sénateurs de l'ancienne Rome en a été l'un des aspects décisifs; la collection « à la romaine » y prend ses caractéristiques essentielles : un dispositif triomphal, une prédisposition à l'art de gouverner. Dans la troisième partie il est montré que l'on ne peut étudier les collections sans s'interroger sur leur place et leur fonction dans le patrimoine des familles.