27 avril 2015
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Denis Briand, « La peinture au pied du mur, quelques variations du tableau dans l’œuvre de Jean-Sylvain Bieth », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.uh85e0
« Des mots que nous avions en partage, il en reste bien peu d'intelligibles. » Cette phrase extraite d'un texte que Myriam Revault d'Allonnes consacre à Jean-Sylvain Bieth en 1994, pourrait être emblématique de son oeuvre. La question du « partage » et de l'« intelligibilité » délimitant l'espace de ce travail singulier et rigoureux qui se développe depuis les années 1980. Il y est question de ce qui fait société, de comment celle-ci s'inscrit dans l'Histoire, ainsi que de la perte de sens que ses grandes catastrophes produisent. Mais cette citation liminaire pourrait aussi caractériser la manière dont l'oeuvre de l'artiste résiste à toute interprétation hasardeuse. S'affronter à son analyse revient alors à s'engager dans une véritable herméneutique. Dans cet oeuvre, pas d'autarcie artistique ni de posture désinvolte, le travail de Jean-Sylvain Bieth est au contraire en relation avec le monde, profondément inscrite dans sa matérialité, et n'hésite pas à évoquer responsabilité historique et morale. Au sein d'un ensemble explorant un large spectre de matériaux, de médiums et de dispositifs, la pratique de Jean-Sylvain Bieth recourt régulièrement à la forme du tableau, sans être cependant préoccupée par le questionnement de la « peinture » comme pratique autoréférentielle. Le tableau représente une forme artistique certes conventionnelle, mais, tout en l'assumant, la pratique de l'artiste la soumet régulièrement à une sorte de mise à mal, la conduisant sans cesse aux limites de sa signification. Au sein de son travail, la peinture occupe donc une place déterminante et s'instaure de façon privilégiée sous les auspices du tableau.