Quand le seuil fait œuvre When the threshold becomes art Fr En

Résumé Fr En

« Quand le seuil fait œuvre » est une recherche qui se déploie dans le champ des arts visuels. Par une approche poïétique, elle repose sur la conception d’œuvres inédites et sur un développement théorique rigoureux. Elle tend à expliciter le seuil pour comprendre quand celui-ci fait réellement œuvre. Cette quête du seuil se construit au travers d’Espace-Jeu, une performance dans laquelle les corps déambulent et tracent dans et hors de l’exposition. Si la performance autorise tous les débordements, les actions font apparaitre des limites insoupçonnées et indépassables qui réintroduisent paradoxalement le seuil à l’intérieur de ses frontières originelles. Si le corps humain pose problème, il est opportun de l’écarter pour que le seuil puisse se déployer pleinement. Vient alors une phase d’expérimentation sur des organismes vivants non-humains. Placés dans des dispositifs presque scientifiques, ceux-ci donnent littéralement (leurs) corps au seuil, révélant au plus profond de leur chair l’interstice vital. Leurs corps deviennent alors des moules permettant au seuil d’émerger ; ils protègent alors le seuil au péril de leur vie. Malgré ces expérimentations chirurgicales, le seuil découlant des corps organiques répond toujours à des stimulus prévisibles. Et pour cause : notre modèle de pensée actuel est basé sur des seuils qui vont jusqu’à influencer la création artistique même. Vient alors le moment d’élever des machines pour déconstruire ce seuil en le réduisant à des données inintelligibles. Ainsi questionné et vidé de sa substance, le seuil peut essentiellement faire œuvre.

"When the threshold becomes art" is a research project developed in the field of visual arts. Through a poiesis approach, it is based on the conception of visual production and on a rigorous theoretical development. It tends to make the threshold explicit in order to understand when it actually become art. This quest for the threshold is built through Espace-Jeu, a performance in which bodies wander and trace in and out of the exhibition. If performance allows all overruns, actions reveal unsuspected and impassable limits that paradoxically reintroduce the threshold within its original boundaries. If the human body is a problem, it is appropriate to exclude it so that the threshold can be fully deployed. Then comes a phase of experimentation on non-human living organisms. Placed in almost scientific devices, they literally give (their) bodies to the threshold, revealing the vital interstice in the depths of their flesh. Their bodies then become molds allowing the threshold to emerge; they then protect the threshold at the risk of their lives. Despite these surgical experiments, the threshold resulting from organic bodies always responds to predictable stimuli. And for good reason: our current thinking model is based on thresholds that go so far as to influence artistic creation itself. Then comes the time to raise machines to deconstruct this threshold by reducing it to unintelligible data. Thus questioned and emptied of its substance, the threshold can essentially become art.