Psychédéliques : à 80 ans du début de l’histoire

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L’après-guerre connut un premier essor de l’application clinique des psychédéliques, à une époque à laquelle naissaient aussi les autres classes psychopharmacologiques, qui n’ont pas cessé, elles, de se développer et de contribuer à la formulation d’hypothèses diverses sur la psychopathologie. Mais, très vite, le charactère « révélateur de l’esprit » de ces molécules se fit connaître par le « grand public » et son usage commença à se répandre en dehors des milieux psychiatriques et psychologiques, ainsi que de celui des services de renseignement qui cherchaient des outils pour le contrôle mental à grande et petite échelle en pleine guerre froide. Dès les années 60, les psychédéliques deviennent un des catalyseurs les plus importants du mouvement contre-culturel qui bouleversa les sociétés occidentales. Mais la force même de ce mouvement et la puissance de ses outils chimiques, avec le désordre et les menaces que cela créa pour l’establishment furent la cause de sa perte, malgré un cumul grandissant de résultats thérapeutiques positifs, provoquant le classement de ces substances sur la liste I des stupéfiants, passant de remède à poison, et clôturant au passage la possibilité de continuer la recherche. La prohibition qui s’installa à partir des années 70 ne réussit pas à freiner l’intérêt croissant des esprits les plus inquiets de l’époque, alors que toute une nouvelle esthétique culturelle, visuelle, musicale et aussi une nouvelle religiosité, le New Age, s’installèrent et devinrent des industries. Après 20 ans de silence dans la recherche, et sous la pression d’une communauté scientifique de plus en plus demandeuse, les essais cliniques reprennent et l’on viendra, dans les temps plus récents, à parler d’une renaissance psychédélique. Beaucoup d’équipes sont à l’œuvre aujourd’hui, surtout dans les pays anglo-saxons, et les législations commencent à permettre le retour de ces substances pour le traitement de diverses pathologies, mais cela n’est pas sans encourir de nouveaux risques.

The post-war years saw the first boom in the clinical application of psychedelics, at a time when other psychopharmacological classes were also being developed, contributing to the formulation of various hypotheses on psychopathology. But very soon, the “mind-revealing” character of these molecules became known to the “general public” and their use began to spread outside psychiatric and psychological circles, as well as to intelligence agencies seeking tools for large- and small-scale mind control in the context of the Cold War. From the ‘60s onwards, psychedelics became one of the most important catalysts of the cultural-narrative movement that turned Western societies on their heads. But the very strength of this movement and the power of its chemical tools, along with the disorder and threats it created for the establishment, were the cause of its downfall, despite a growing body of positive therapeutic results, resulting in the classification of these substances on Schedule I of controlled substances, turning them from a remedy into a poison and foreclosing on further research. Prohibition from the ‘70s onwards failed to curb the growing interest of the most restless minds of the time, as a whole new cultural, visual, and musical aesthetic, as well as the New Age religious movement, took hold and became an industry. After twenty years of research silence, and under pressure from an increasingly demanding scientific community, clinical trials have resumed, and in more recent times, something of a “psychedelic renaissance” has emerged. Many teams are working on this today, especially in English-speaking countries, and legislation is beginning to allow the return of these substances for the treatment of various pathologies—but not without risks.

En la posguerra se produjo el primer auge de la aplicación clínica de los psicodélicos, en un momento en que también se nacían otras clases de psicofármacos, las que que no han dejado de contribuir a la formulación de diversas hipótesis sobre la psicopatología. Pero muy rápidamente, el carácter “revelador del espíritu” de estas moléculas se dio a conocer al “público en general” y su uso comenzó a extenderse fuera de los círculos psiquiátricos y psicológicos, así como al de las agencias de inteligencia que buscaban herramientas para el control mental a gran y pequeño nivel en plena Guerra Fría. A partir de la década de 1960, los psicodélicos se convierten en uno de los catalizadores más importantes del movimiento contracultural que trastornó la sociedad occidental. Pero la propia fuerza de este movimiento y el poder de sus herramientas químicas, junto con el desorden y las amenazas que crearon para el establishment, fueron la causa de su caída, a pesar de un creciente conjunto de resultados terapéuticos positivos, lo que llevó a la clasificación de estas sustancias en la Lista I de estupefacientes, convirtiéndolas de medicamento en veneno y acabando con la posibilidad de seguir investigando. La prohibición a partir de los años 70 no consiguió frenar el creciente interés de las mentes más inquietas de la época, mientras toda una nueva estética cultural, visual y musical, y también una nueva religiosidad, la New Age, se afianzaron y convirtieron en varias industrias. Tras 20 años de silencio en la investigación, y bajo la presión de una comunidad científica cada vez más demandante, se retoman los ensayos clínicos y, en tiempos más recientes, se llegará a hablar de un renacimiento psicodélico. Numerosos equipos están trabajando hoy en día, sobre todo en los países anglosajones, y las legislaciones empiezan a permitir el regreso de estas sustancias para el tratamiento de diversas patologías, no sin incurrir en nuevos riesgos.

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