Cliniques de l’exclusion : penser les marges du social avec Deligny

Résumé Fr En

La souffrance de l’exclusion associée à la grande précarité et à la migration questionne les pratiques cliniques, sociales et de santé ainsi que les politiques de l’État, et a conduit à des transformations importantes au cours des 30 dernières années grâce au développement d’hypothèses et de dispositifs institutionnels. Il s’agit toutefois d’un problème complexe, en constante transformation, qui nécessite une approche transversale. Notre expérience clinique dans ce domaine a conduit à la création d’un collectif de jeunes praticien.nes, chercheur.es et artistes qui se réunissent actuellement autour d’un programme de recherche ( msh Paris-Nord) fortement inspiré des pratiques développées par Fernand Deligny. Cet article analyse l’état actuel du travail clinique dans le domaine de l’exclusion et propose une approche basée sur le paradigme du trauma afin de mettre l’accent sur l’intérêt d’une clinique hors langage et hors institutions, en analysant l’expérience clinique et créative de ce collectif de praticien.nes et d’artistes : une clinique organisée autour de la possibilité de repérer et d’inscrire l’expérience sensorielle du monde pour en faire un matériau partageable au service d’une nouvelle forme de symbolisation.

The suffering of the exclusion associated with great precariousness and migration raises questions about clinical, social and health practices as well as state policies, and has led to some important transformations over the last 30 years through the development of hypotheses and institutional strategies. However, it is a complex problem, in constant transformation, which requires a transversal approach. Our clinical experience in this field has led to the creation of a collective of young practitioners, researchers and artists who are currently working on a research program at the msh P aris N ord, strongly inspired by the practices developed by Fernand Deligny. This article analyses the current state of clinical work in the field of exclusion and proposes an approach based on the paradigm of trauma to focus on the interest of a clinic out of language and on the margins of institutions, analyzing the clinical and creative experience of this collective of practitioners and artists, based on the possibility of tracing and inscribing the sensorial experience of the world and making it a material that can be shared and serve a new form of symbolization.