25 octobre 2023
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d'Hérouville Xavier et al., « Escape game à la milanaise : “ Le Grand Œuvre du maître anonyme de la Renaissance italienne ” », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.ukb83f
Dix années de recherche et d'investigation autour d'un petit panneau composé de deux planches horizontales assemblées à joint vif et au revers soigneusement raboté, peint à la fin du XVème / début du XVIème siècle, n'ont pas encore permis d'identifier l'auteur de cette “ Tentation ” traitée sur le mode alchimique du “ Grand Œuvre ”. Registre dont la science anthropogonique est d'une telle profondeur qu'elle ne semble pouvoir être rattachée qu'à une petite élite intellectuelle d'initiés de certaines académies fondées à l'aube de la Renaissance italienne. Ce n’est en effet qu’en Italie, dans la Florence néoplatonicienne de Marsile Ficin, de Pic de la Mirandole et Christoforo Landino, que fleurissait à cette époque un semblable syncrétisme où se mêlaient doctrine chrétienne du Salut, philosophie grecque de la Nature, symbolisme profond des Mystères hellénistiques et gnostiques, pratique de la magie et thérapeutique théurgique... Avant d'essaimer dans la péninsule, puis de diffuser par capillarité en France et finalement dans une grande partie de l'Europe. Indépendamment de cette “ grammaire ésotérique ” qui fait de cette “ planche " un authentique manifeste aux allures de livre sacré, nous nous sommes attachés dans cette présente étude à l'analyse purement iconographique de l'élément central - quoique topographiquement décentré - de cette représentation, à savoir ce casque inspiré de la “ barbute ” d'origine vénitienne. Nos conclusions font de cette pièce d'armure un élément de preuve supplémentaire pouvant conforter la conviction intime d'une composition léonardienne de ce petit panneau. Cette dernière hypothèse s'appuyant sur le lien structurel établi entre cet élément iconographique et une autre œuvre du maître milanais connue aujourd'hui sous la dénomination de la “ Dame à l'hermine ”. Ce rapprochement nous permettant de proposer comme modèle de ce portrait léonardien une tout autre figure milanaise que celle communément admise. In fine, d'une pierre (philosophale) deux coups, ce qui apparaissait jusqu'à lors comme le “ Grand Œuvre ” d'un maître anonyme de la Renaissance italienne vient tutoyer une paternité toute léonardienne, et qui plus est vient éclairer d'un jour nouveau et tout à fait original l'identification du modèle de son chef-d'œuvre milanais, la “ Dame à l'hermine ”, représentation allégorique dans laquelle transparait la force mentale et la beauté que l’on prêtait dans la mythologie aux amazones.