2002
Cairn
Férial Drosso, « Moderniser le viager », Revue française des affaires sociales, ID : 10670/1.umqk5s
L’utilisation du patrimoine immobilier des personnes âgées sous la forme de la vente en viager peut être vue comme un outil de gestion du risque vieillesse. Cette transaction suscite cependant en France des réticences fortes parce qu’elle interrompt un projet d’accumulation patrimoniale et de transmission. Cela ne devrait pas interdire de réfléchir à ce que pourrait être un contrat de vente en viager débarrassé des pesanteurs liées aux conditions historiques et juridiques de son élaboration, et ceci pour au moins quatre raisons. Premièrement les taux de remplacement des retraites baisseront probablement à l’avenir, le recours à l’épargne personnelle sera alors sans doute nécessaire ; conserver son patrimoine et le transmettre intact sera peut-être, à l’avenir, un luxe hors de portée. Deuxièmement, indépendamment de l’avenir des retraites, il subsiste aujourd’hui en France des poches de pauvreté dans la population âgée, pauvreté paradoxale puisque ces personnes âgées sont souvent propriétaires. Troisièmement, à l’examiner sans tenir compte de la charge émotionnelle qu’il véhicule, le viager résout les deux problèmes majeurs des personnes âgées : ressources et logement. Quatrièmement, l’expérience américaine d’une part et l’analyse des blocages en France, d’autre part, montrent l’intérêt que pourraient revêtir une intervention des pouvoirs publics et une institutionnalisation du viager.