Du cadre littéraire de A Room with a View (E. M. Forster) à son décentrement cinématographique (James Ivory) : éléments de réflexion pour une esthétique de la béance

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2010

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Laurent Mellet, « Du cadre littéraire de A Room with a View (E. M. Forster) à son décentrement cinématographique (James Ivory) : éléments de réflexion pour une esthétique de la béance », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.umt38m


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Dans A Room with a View (1908), E. M. Forster multiplie les cadres topographiques afin d'opérer un « cadrage » de son intrigue et de son héroïne immédiatement signifiant. Par le motif de la fenêtre, les titres de chapitres, les commentaires du narrateur ou par la réification consécutive à la comparaison avec la peinture de Léonard de Vinci, le personnage de Lucy Honeychurch est à ce point encadré qu'il lui faut sortir de ces espaces textuels étouffants et revendiquer qu'il est surtout un corps vivant dans un espace mouvant. Une première dialectique entre ces trois termes souligne ainsi les ancrages principaux et les limites de l'écriture forstérienne, puisque la récurrence de ces figures n'est pas synonyme pour autant d'une quelconque ouverture du texte sur le visible. Le cadre en effet interdit souvent de visualiser la scène, et le roman renonce à mener plus avant la signification de ces cadrages, par exemple jusqu'à l'écriture picturale ou cinématographique. C'est alors sous cet angle qu'il faut interroger l'adaptation signée James Ivory (1986) : en redoublant les figures du cadre dans l'image, le film choisit tout d'abord de mettre en abyme et en relief les cadrages forstériens, suivant une logique de « remplissage » des espaces créés par le texte. Si la notion de cadre justifie un espace, cet espace encadré se suffit-il pour autant à lui-même ? Devient-il invalidé ? Le film d'Ivory semble infirmer cette hypothèse, travaillant au contraire sur les figures du décentrement et de l'éclatement de la figure autour de trois axes : verticalité, horizontalité, et profondeur. Les cadrages forstériens ne sont alors pas qu'un simple encadrement des stratégies d'adaptation : le cadre disparaît et ouvre le champ des potentialités dans la recréation de l'œuvre. Cadres, cadrages et encadrements deviennent ainsi les différentes étapes d'une nouvelle maïeutique de la création artistique, Ivory ne se contentant pas d'injecter le visible dans les béances du texte forstérien, mais proposant encore d'en déborder le cadre et de repousser les limites du travail d'adaptation. Du cadrage à l'encadrement, de l'harmonie à la dissension, la comparaison du texte et de l'image de A Room with a View souligne une double esthétique du cadre, à l'origine d'un espace ou d'une béance à combler autant qu'à creuser et à fouiller – ultime métaphore de la création comme de la réception de l'œuvre.

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