Gérard-François Dumont, « Faut-il sauver le monde du malthusianisme ? », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.un2z15
Sur les questions de population, l’auteur bénéficiant de la plus forte notoriété est incontestablement Malthus, dont le nom figure dans de nombreux livres scolaires et qu’aucun étudiant en sciences sociales ne peut ignorer. Toutefois, la référence très fréquente à Malthus n’est pas nouvelle. Par exemple, en 1848, Proudhon écrit : « Tout ce qui se fait, qui se dit, qui s’imprime aujourd’hui et depuis vingt ans, se fait, se dit et s’imprime en conséquence de la théorie de Malthus ». Cette phrase figure dans un texte intitulé Les malthusiens, d’où dérive le mot malthusianisme définissant la doctrine de Malthus préconisant une restric-tion des naissances par la continence afin d’écarter les conséquences dramatiques comme la surmortalité due aux famines.Il faut d’abord, dans une première partie, rappeler que cette doctrine selon laquelle toute augmenta-tion de la population risque d’être nuisible est en réalité largement antérieure à Malthus. Et, depuis désor-mais plus de deux siècles, elle connaît des déclinaisons successives dont l’inventaire doit être réalisé pour prendre la dimension des différentes facettes du malthusianisme, et pour lesquelles nous proposons un adjectif permettant de les distinguer.Il convient, dans une seconde partie, de soumettre le malthusianisme à l’analyse scientifique de la géographie des populations. Cela peut conduire à s’interroger sur le sens profond de cette doctrine qu’est le malthusianisme.