2023
Cairn
Elias Buchetmann, « Mœurs des femmes et critique sociale entre Grande-Bretagne et Allemagne : Forkel, Carlisle et Wollstonecraft », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.uoj3z9
Cet article cherche à savoir pourquoi Meta Forkel, connue pour son style de vie non conventionnel et ses engagements radicaux, a choisi de traduire ce qui semble être un livre de conduite conservateur, les Thoughts in the Form of Maxims, Addressed to Young Ladies, On Their First Establishment in the World de la comtesse de Carlisle (1789). Un indice est fourni par l’appréciation des Maxims par Mary Wollstonecraft, qui souligne la nécessité d’une compréhension de ce que faisaient Forkel et Carlisle qui aille au-delà de l’apposition d’étiquettes. Ce qui suit est une exploration des possibilités que le genre de la littérature de conseil et l’activité de traduction offraient, en particulier aux écrivaines. Je soutiens que les Maxims avaient un potentiel émancipateur dans le contexte de l’époque et que Forkel a utilisé avec succès sa traduction de 1791 de l’œuvre de Carlisle comme un moyen de participer au discours des Lumières sur le genre, souvent dominé par les hommes, en ajoutant son propre Essai sur la délicatesse féminine. Cette analyse démontre que l’exploration détaillée de la dynamique et des processus des transferts interculturels mérite d’être approfondie, non seulement en raison du rôle important joué par les femmes en tant que médiatrices, mais aussi en raison des possibilités qu’elles ont créées de manière si imaginative dans ce processus. Elle permet également de sonder ce que le féminisme, ou en tout cas les luttes des femmes pour l’émancipation, pouvait signifier ou ressembler à l’ère de la Révolution.