28 novembre 2023
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Corona Schmiele, « Nacelle aérienne ou ventre de la baleine. Deux modèles de lieux d’écriture chez Franz Kafka », Presses universitaires de Caen, ID : 10670/1.urgdd7
L’œuvre de Franz Kafka est hantée par divers fantasmes relatifs à un lieu idéal pour travailler. La description du lieu réel dont il disposait, l’appartement familial, fait comprendre pourquoi : assis à sa table de travail, Kafka se voit entouré d’un vacarme permanent dans lequel il cherche à survivre. L’écriture lui sert alors pour se protéger contre ce lieu, pour le combattre à sa façon, c’est-à-dire en l’ignorant dans la mesure du possible. À partir de là prend naissance en lui le désir d’un lieu qui, à l’inverse, protégerait l’écriture. Ce lieu idéal se matérialise en deux archétypes, la nacelle aérienne et ventre de la baleine, qui s’expriment au fil des œuvres sous différentes variantes et qui présentent, tout en étant à l’opposé l’un de l’autre, certaines similitudes. Le lieu de travail idéal pour l’écrivain est, en somme, celui qu’on peut le mieux oublier en écrivant. Si la claustration de la « tombe » (le ventre de la baleine) lui permet une ouverture totale, l’ouverture totale du balcon, ou du cockpit d’un aéroplane (la nacelle), lui permet de s’isoler totalement. Et c’est entre ces deux pôles qu’oscille la créativité de Kafka.