2020
Cairn
Liliana-Isabela Apostu, « La musique traditionnelle roumaine dans les compositions de Vladimir Cosma », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.usgi4m
Né à Bucarest dans une famille de musiciens renommés, Vladimir Cosma a quitté la capitale roumaine à 22 ans, alors qu’il commençait déjà à se forger une réputation de compositeur. Formé ensuite à Paris, Cosma se voit confier par Yves Robert en 1968 la composition de sa première partition pour musique de film. Il enchaine dès lors les pièces pour cinéma et les thèmes de ses mélodies commencent à conquérir un public de plus en plus large. Son style se forgea à la lumière d’une maîtrise parfaite non seulement de la musique savante, mais aussi du jazz, de la variété et surtout de l’intégration des éléments musicaux de provenance traditionnelle ou folklorique. Il utilisa ainsi des thèmes et des motifs, des rythmes et des tournures mélodiques roumains ainsi que des instruments peu utilisés comme la flûte de pan ou le cymbalum, traditionnellement pratiqués dans le taraf roumain (orchestre de dimensions réduites avec des instruments spécifiques).Qui se douterait que le générique du film Le Grand Blond avec une chaussure noire par exemple, est une sârba roumaine (danse rapide, binaire, avec des éléments rythmiques spécifiques) ? Ou que dans le film Rabbi Jacob, les thèmes et les mélodies juives si envoûtantes sont inspirés directement des airs des ashkenazis pratiquant leur musique à Bucarest ? Pourtant, la musique de Vladimir Cosma est reconnue en tant que « musique française de film » et le compositeur est le musicien français le plus réputé dans ce domaine. Nous nous intéresserons ici à la manière dont certains éléments de la musique traditionnelle pratiquée en Roumanie ont été intégrés dans le langage musical devenu « universel » de Vladimir Cosma.