13 décembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yves Hersant, « Clair-obscur », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.utjguw
Délaissant les aspects les plus connus de Camilleri (opérateur culturel, auteur de polars, ironique destructeur des topoi mafieux…), l’étude se concentre sur La Couleur du soleil, roman où la virtuosité linguistique est mise au service de la révélation d’un « journal » qu’aurait écrit le Caravage. Laissant la parole au peintre dont le style et le rythme miment ceux de son siècle, Camilleri opère en réalité la combinaison du personnage historique et de lui-même. L’hybridation des instances narratives et des temporalités illustre le refus de la hiérarchie noble / bas par le Caravage et la prédilection de Camilleri pour le quotidien. La coexistence du vrai et du vraisemblable rend crédible la maladie du « soleil noir » dont aurait souffert le peintre : hallucinations, cauchemars, voile visuel qui influenceront ses dernières toiles. L’emboîtement narratif transforme le récit d’une aventure sicilienne en aventure sicilienne d’un récit. Le clair-obscur, dimension plastique du Caravage, devient la métaphore de l’éternelle répétition dans l’île : une inquiétante névrose, un impossible futur.