24 novembre 2018
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Nina Hugot, « “Une femme peut bien s’armer de hardiesse” : la tragédie française et le féminin entre 1537 et 1583 », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.utro4c
Ce travail interroge la spécificité de la présence féminine en tragédie et son rôle dans l’élaboration de l’esthétique tragique. Tout d’abord, j’étudie les textes théoriques et paratextes qui définissent le genre tragique. Rien ne permet dans ce cadre d’associer le tragique et le féminin, néanmoins le féminin est défini de manière problématique, entre nécessité de la norme (la convenance) et constat de la transgression (Electra qui émerveille par sa virilité). Dans la deuxième partie, j’analyse la profusion des discours de personnages portant sur la question du féminin : bien souvent, les lieux communs sont convoqués pour mieux marquer le décalage de l’héroïne avec les femmes ordinaires. J’étudie enfin l’action des femmes sur la scène tragique : l’étude de la spécificité des rôles féminins dans l’intrigue, du type de jeu et de spectacle qu’elles mettent en place, celle de leur effet moral et idéologique sur le spectateur enfin, me permettent de redéfinir l’héroïsme féminin dans le corpus, en insistant sur l’importance de la « hardiesse », qui serait le pendant actif de la « plainte ». Dès lors, cette étude me permet de nuancer l’idée selon laquelle ces pièces seraient « statiques », et d’expliquer la préférence des premiers dramaturges pour les héroïnes : ces dernières, plus admirables justement parce qu’elles appartiennent au sexe faible, paraîtraient d’abord plus favorables à la renaissance de la tragédie à l’antique de langue française et lui conféreraient ainsi ses premiers traits.