1994
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Michel Mietton et al., « Dynamique du milieu naturel et transformations par l’homme dans le delta du Sénégal. La cuvette du Ndiael hier, aujourd’hui et demain », Espaces tropicaux (documents), ID : 10670/1.uumga7
Ancienne cuvette de décantation aujourd’hui asséchée, située sur la bordure méridionale du delta du Fleuve Sénégal, le Ndiael et ses marges offrent un bon exemple d’une unité de milieu deltaïque ayant enregistré au Quaternaire récent des interactions fluviales, marines et éoliennes complexes, où alternent les épisodes de remblaiement et de creusement. Le gisement de tourbe mis à jour au nord-est de Ross Béthio est un jalon supplémentaire dans l’histoire holocène de cet environnement, daté par C14 conventionnel de 6 400 ans BP. Ces processus, rythmés à l’échelle des temps longs par la succession des phases climatiques mais aussi à l’échelle saisonnière par la crue naturelle du fleuve, sont restés fonctionnels jusqu’à une date très récente ; l’homme tirant parti de cet écosystème non transformé comme le montre un site d’occupation du XIIIème siècle découvert sur une terrasse jouxtant la cuvette. Une ère nouvelle commence à la fin des années cinquante avec la construction des digues et la maîtrise au moins partielle du fleuve, dont les effets sont amplifiés peu après par une sécheresse climatique. Les ressources liées à l’ennoiement épisodique de cette cuvette, bénéfiques pour l’avifaune mais aussi pour des activités humaines traditionnelles de pêche et d’élevage, disparaissent. Demain, avec la construction des deux barrages de Diama et de Manantali qui permettent d’artificialiser totalement la crue et de gérer un stock d’eau douce, l’homme sera peut-être capable non seulement de transformer l’écosystème naturel mais aussi de maîtriser les perturbations nouvelles nées de sa volonté même d’aménagement. Les risques sanitaires, liés d’une part à l’occurrence d’épidémies nouvelles (bilharzioses) elle-même en relation avec les transformations du milieu et la nouvelle distribution de la population et d’autre part à l’emploi de produits toxiques rejetés dans les eaux de drainage, ne peuvent pour l’heure être cependant sous-estimés.