22 janvier 2016
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Daniel Patrick Morgan, « A Sphere unto Itself: the Death and Medieval Framing of the History of Chinese Cosmography », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.uv3qyy
Cette communication tente d’expliquer le manque apparent de dialogue entre cosmologies indiennes et chinoises en Chine des Six Dynasties et des Tang. Historiens moderns tels que Qian Baocong, Nōda Chūryō, Henri Maspero, Worlfram Eberhard et Joseph Needham, jusqu’à nos jours, racontent en effet la même version de l’histoire de la cosmologie en Chine : que l’histoire de la cosmologie est d’abord l’histoire de l’instrumentation (le diagramme et le plan de gnomon en deux dimensions contre l’instrument sphérique en trois) ; qu’il y avais trois véritables « écoles », le concours entre lesquelles se termine d’ici le deuxième siècle, dès qu’il commence ; que les siècles suivants sont marqués par des idées nulles qui menacent le gagnant légitime ; et que le moine Yixing l’a donné un coup de grâce final dans le VIIe siècle. J’affirme que ce récit dérive des sources primaires à notre disposition, c’est-à-dire les monographies « Signes Célestes » respectives de Shen Yue (Ve siècle) et de Li Chunfeng (VIIe siècle) ainsi que la collection Kaiyuan zhanjing de 729 de Gautama Siddhārtha. Après avoir révélé certains complexités de cette téléologie nette, j’essaye de révéler comment et pourquoi certains écrivains médiévaux se sont rendus complice de ce récit. Les raisons sont toutes spécifiques des circonstances de chacun : Gautama, un Indien né en Chine qui travaillait au Bureau du Scribe des Tang, qui se tachait de synthétiser la tradition chinoise ; Li, qui s’est approprié de l’œuvre de son prédécesseur pour le retourner contre lui en soutenant une vision différente de l’histoire ; et Shen, qui ne n’adhérait qu’à la ligne du parti d’un côté dans un débat qui était loin d’être terminé… en tout ramenant à une seule pétition mal informée de 178 par quelqu’un qui trouvait des excuses pour être relâché de son bannissement aux nord. Un des résultats curieux de ce récit pendant sa formation du IIe au VIIe siècle c’est l’exclusion de toute cosmologie d’origine indienne de l’histoire des connaissances techniques. Quant à l’ère moderne, en fin, je discute la manière dont cet récit exclusioniste poursuit dans l’histoire comparative des sciences dans le but de polariser la pensée chinoise et occidentale.