Perspectives longitudinales, tout biographique ?

Résumé 0

Parler des cheminements longs en démographie évoque immanquablement ce qui constitue pour les démographes un sujet au « long-cours » : celui du trajet collectif de l’espèce humaine. Modéliser l’évolution de la population et ses déterminants est effectivement une spécialité des démographes, avec un penchant pour des modèles cycliques. Néanmoins l’étude comme l’analyse du « cheminement » sont largement contingentes des données disponibles et des méthodes d’analyse qu’on peut leurs appliquer. Ainsi les innovations se sont nourrit de la possibilité d’accéder à de nouvelles sources de données comme à des méthodes d’analyse permettant de les valoriser correctement, et ceci dans un va et vient créatif. On peut ainsi distinguer des étapes qui conduisirent de l’analyse des phénomènes démographiques au fil des générations, à l’approche des comportements individuels au long de la vie puis à envisager les régularités (versus les innovations) des parcours au sein d’une population. L’engouement pour capter les inflexions des pratiques et comportements, leurs évolutions, les causes et les conséquences de telle action, de tel événement conjoncturel, de telles circonstances ; puis pour en faire le diagnostic et l’analyse, se traduit par une certaine hégémonie des études longitudinales. La multiplication des enquêtes dites « biographiques », puis des suivis longitudinaux de type cohortes et maintenant des appariements croisés grâce aux big data, nous interroge sur les perspectives longitudinales tant plébiscitées. L’exposé fera un panorama des stratégies de collectes, des méthodes et des thématiques explorées en longitudinal en s’interrogeant sur les motivations théoriques ainsi que le cadre de cette perspective de recherche. En partant des travaux initiaux du Groupe de Réflexion sur l’Approche Biographique, tant ses propositions de collecte (GRAB, 1999) que d’analyse (GRAB, 2006), la présentation abordera les distinctions du longitudinal : approche agrégée, individuelle, holistique ; elle questionnera la terminologie utilisée. En effet, ce qu’on appelle un « parcours de vie » en quantitatif, au-delà d’une histoire, c’est plutôt la collection d’une chronologie interactive retraçant la vie des personnes enquêtées et permettant d’approcher un peu mieux les ressorts de leurs comportements. La présentation questionnera également les spécificités de l’approche : comme celle d’introduire le temps dans l’analyse : temps individuel et temps collectif, changements conjoncturels et époques historiques. Puis enfin la présentation abordera les ambitions de ces dispositifs et des analyses. A mesure que l’observation s’améliore et que les questionnements se précisent, la recherche est confrontée à des observations complexes, à des changements d’état qui ne sont pas simplement marqués par un événement, à des transitions plus nécessairement associées de façon univoque à un moment précisément daté. Face à cette complexité du témoignage suscité et recueilli, on s’interrogera enfin sur le coût, l’opportunité et l’intégrité de l’appariement des sources administratives rendues disponibles.