7 avril 2016
Olivier Perru, « L’abbé Nicolas-Jean Boulay : une étude écologique des mousses et des ronces », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.uvr0s4
Dans cette communication, nous interrogeons le travail pionnier d’un prêtre français, l’abbé Boulay qui fut un des précurseurs de la phytogéographie, en particulier pour les mousses, ainsi que de la paléobotanique. L’abbé Nicolas-Jean Boulay (1837-1905) fut professeur de botanique à la Faculté libre des Sciences de l’Université catholique de Lille dès 1875, puis doyen de cette Faculté. Il soutint en 1876 à la Faculté des Sciences de Caen sa thèse de botanique sur la distribution géographique des mousses. Ce travail devait aboutir à la publication d’un ouvrage en 1877, les Études sur la distribution géographique des mousses en France, au point de vue des principes et des faits. Boulay s’efforce de faire bien ressortir les faits généraux qui résultent de ses observations et qui démontrent les relations des mousses avec les propriétés physiques et chimiques du sol. Dans sa thèse de géologie, il réalise d’une étude d’ensemble sur les végétaux du terrain houiller franco-belge ; il décrit le bassin houiller avant d’aborder l’étude de la flore qu’il renferme et de signaler les faits nouveaux résultant de ses observations personnelles. A la différence de son traité sur les ronces vosgiennes, au sujet des mousses, l’abbé Boulay regarde d’abord l’environnement et ne fait pas œuvre de systématique mais de géographie botanique : il commence par décrire l’environnement naturel et il situe les espèces de mousses dans leurs milieux. L’auteur examine donc les diverses stations bryologiques en fonction du support physique et les espèces de mousses qu’elles abritent. il fait l’inventaire des régions bryologiques, les caractères et la distribution de la végétation bryologique de chaque région sont ainsi énumérés. C’est donc à une vaste entreprise de phytogéographie des mousses que se livre l’auteur. Cette inspiration se retrouvera dans les Muscinées d’Auvergne, du Frère Héribaud-Joseph.On retiendra aussi que de multiples textes écrits par Boulay, et sur lesquels nous reviendrons, montrent combien ce dernier accordait une importance à la science et à la relation entre les travaux de la raison humaine et la foi chrétienne, laquelle n’est pas réduite à une expression mystique désincarnée et irrationnelle comme le croient certains. Boulay, prêtre, paléontologue et botaniste, présent dans tous les débats de l’époque, depuis la question de l’évolution jusqu’à celle de l’enseignement des sciences dans les séminaires et les institutions catholiques, est un bel exemple d’homme engagé et de scientifique chrétien.