12 avril 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Christian Plantin, « Situation des études d’argumentation : de délégitimations en réinventions », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.uxs4r9
Dans le paradigme classique, l’argumentation est liée à la rhétorique (comme sa base cognitive, la théorie de l’invention), et à la logique du syllogisme (comme la troisième opération de l’esprit, venant après la compréhension et le jugement). Vers la fin du XIXe siècle, ce paradigme ambigu est définitivement dépassé. La rhétorique est délégitimée par la Troisième République, dans sa quête d’un savoir « positif », et la logique cesse d’être un « art de penser » pour devenir une branche des mathématiques. Après 1945, le concept d’argumentation est progressivement reconstruit dans les sciences humaines, d’abord, dans les années 1950, dans une vision rationnelle-politique fortement orientée par le modèle des pratiques légales (Perelman, Toulmin) ; ensuite, dans les années 1970, dans un paradigme linguistique-cognitif, celui de théories généralisées de l’argumentation telles celles de J.-B. Grize et de O. Ducrot, ainsi que dans le cadre d’une vision rénovée d’une « nouvelle dialectique » ou logique du dialogue critique (Hamblin). La situation contemporaine est caractérisée par un usage généralisé du terme « argumentation » à travers les disciplines, et par la recherche d’un consensus minimal sur une méthodologie et sur l’ensemble des concepts