30 novembre 2022
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Carl Trémoureux, « La Première Guerre mondiale, l'artillerie et l'industrialisation de la guerre », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.uyd90k
Avant le déclenchement des affrontements armés, l'Artillerie est équipée en cohérence avec une doctrine inadaptée au regard des conflits récents et des possibilités techniques. Lorsque la guerre courte imaginée se mue en une guerre longue offrant la possibilité d'adapter les armements et nécessitant des consommations massives de projectiles, la gouvernance de la fonction de production entre en crise. Une évolution des schémas mentaux s'impose. L'institution d'un Sous-secrétariat d’État de l'artillerie et des munitions constitue une première manifestation de cette transformation. Albert Thomas adapte la gouvernance de la fonction de production des matériels d'artillerie en mettant en place une programmation des besoins, des fabrications et des facteurs de production, une politique industrielle, ainsi que des instruments de pilotage et de contrôle. Cette nouvelle gouvernance constitue le cœur de l'activité gouvernementale de pilotage de l'économie de guerre, mais cette dernière ne s'y limite pas : elle comprend aussi l'administration de toutes les ressources de la nation, qu'il s'agisse de la main-d'œuvre, des matières premières, de l'énergie, des transports ou des capacités d'innovation. Dans le contexte du parlementarisme de guerre, il est loisible d'affirmer que la concrétisation de l'idée d'une guerre industrielle conduit le pays à se doter peu à peu d'un nouveau régime politico – économique. En contrepoint de cette évolution, les entreprises adaptent leurs modes de fonctionnement pour produire en grandes séries ; les Armées industrialisent leurs fonctions de destruction, de protection, de logistique et de restauration des forces.