Gestation pour autrui et parenté. A propos de la place donnée à la femme qui a porté l'enfant.

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14 novembre 2011

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Jérôme Courduriès, « Gestation pour autrui et parenté. A propos de la place donnée à la femme qui a porté l'enfant. », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.v1ali9


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Les éléments présentés dans cette communication, plus que des premiers résultats, prennent la forme de pistes de réflexion, à partir d'une enquête que j'ai débuté auprès d'une association française regroupant notamment des hommes et des femmes hétérosexuels qui ont eu recours à une gestation pour autrui. Une analyse des discours de mères d'exercice permet de mettre en lumière la place singulière que la gestatrice occupe, avant mais aussi après la naissance, dans la vie des parents et de leur enfant. Des liens se nouent et parfois perdurent. Quelques fois, plusieurs années après la naissance des enfants, un lien semble subsister avec celle qui, le temps de la grossesse, " a nourri " l'enfant. Les deux femmes peuvent se téléphoner ou s'envoyer des courriers manuscrits ou électroniques accompagnés de photos de leurs enfants respectifs. On peut se demander quelle est la nature de ce lien, entre la gestatrice et les parents et sur quoi il repose : le caractère extra-ordinaire du " don " que représente la GPA aux yeux des parents ; le lien supposé unir l'enfant à la femme qui l'a porté et mis au monde ? Dans d'autres cas, avec le temps, les liens avec la gestatrice se distendent. Mais même là, elle semble rester une figure présente dans la vie familiale, au moins par le biais de photos conservées dans une boîte ou exposées dans un album. Cela ouvre sur d'autres réflexions à propos des situations où la femme qui a accepté de porter un enfant pour un couple devient une figure familiale, une " sorte de mère ", comme l'a envisagé une jeune mère, répondant aux questions de Dominique Mehl ou comme a pu me le confier, dans le cadre de mon enquête doctorale, un couple d'hommes ayant eu recours à la GPA. Le système de parenté euro-américain fait des " mères gestatrices " et des mères d'intention des figures concurrentielles. De ce point de vue, qualifier la femme qui a porté l'enfant de " nounou ", comme c'est parfois le cas, pourrait faire écho à une volonté de minimiser son rôle physique et biologique (Ragoné 1996 : 360 ). Dans les cas, a priori les plus nombreux, où la gestatrice ne fait pas don d'un ovocyte, comment se fait le partage de la fonction de concevoir et de mettre au monde ? L'ensemble de ces questions amènent à s'interroger sur ce que fait la gestation pour autrui au principe d'exclusivité de la filiation et à envisager d'une autre manière le partage de fonctions parentales entre plusieurs femmes habituellement appréhendées dans le seul cadre des liens de sang ou d'élection.

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