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25 octobre 2017

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Sexuality


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Pierre Brasseur et al., « Introduction », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.v21sc6


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Résumé Fr

ArgumentaireLa sexualité est une forme d’échange social qui relève à la fois du symbolique, du politique, du juridique, mais aussi – et c’est ce qui nous intéresse ici – de l’économique. Au cours des dernières décennies, les sciences sociales de la sexualité se sont emparées de catégories issues des sciences économiques. Elles ont par exemple envisagé la prostitution ou la pornographie comme des activités productives, faisant l’objet d’évaluations et donnant lieu à des formes de valorisation monétaire (Dahinden et al., 2010 ; Tabet, 1987 ; Trachman, 2013). Certains auteurs ont par ailleurs forgé des concepts comme ceux d’« échanges économico-sexuels » (Tabet, 2004), de « capital érotique » (Hakim, 2011) ou de « champ sexuel » (Green, 2013 ; Illouz, 2012), lesquels ont ensuite donné lieu à des prolongements et discussions (Broqua, Dechamps, 2014 ; Combessie, Mayer, 2013). Cependant, des expressions comme celles de « marché matrimonial » ou « industrie du sexe », tout en pouvant être heuristiques, s’apparentent davantage à des métaphores plus ou moins bien contrôlées qu’à des notions aux définitions robustes (Boyer, 2003 ; Mathieu, 2012). Sous l’influence des catégories profanes peu problématisées, certaines approches sont par ailleurs saturées de jugements moraux implicites (Rubin, 1984), autour du caractère corrupteur de l’argent en matière de sexe et de la marchandisation des désirs et des passions, réduisant du même coup la portée des analyses. On peut faire l’hypothèse que l’absence de réflexion sur ces notions est liée au faible nombre de travaux de sociologie économique sur le thème, malgré la place centrale qu’occupe la sexualité dans la société (Illouz, 2006).Si quelques ouvrages récents consacrent des développements à la question (Steiner, Trespeuch, 2014) ou interrogent la place de la sexualité et de l’érotisme dans la pensée de Max Weber (Lallement, 2013), que l’on peut considérer comme l’un des pères de la sociologie économique, l’économie de la sexualité est absente des principaux ouvrages de synthèse (par exemple, Smelser, Swedberg, 1994 ; Steiner, Vatin, 2009). Les activités liées à la sexualité représentent pourtant une part non négligeable de la production de valeurs, tout en étant rarement comptabilisées dans le produit intérieur brut. Ce constat invite la sociologie économique et la socio-économie à s’emparer de l’objet pour alimenter certaines problématiques classiques autour du travail, de la production, de la valeur, de la régulation, etc. Il nous semble par ailleurs que l’objet peut contribuer à enrichir les approches récentes autour de la marchandisation du corps humain et des résistances à cette dynamique (Almeling, 2007 ; Trompette, 2008 ; Healy, 2010 ; Steiner, Trespeuch, 2014).Ce colloque vise à discuter des travaux en sciences sociales qui examinent les rapports entre la sexualité et l’économie. Les travaux pourront appréhender leur objet à travers plusieurs angles :– Travail et travailleurs. En quoi une activité liée à la sexualité, qu’elle soit rémunérée ou non, relève-t-elle de la catégorie « travail » ? De quel type de travail s’agit-il ? Quels sont les acteurs individuels et collectifs contribuant aux dynamiques de professionnalisation ? Quels sont les effets du développement des nouvelles technologies (notamment de celles liées au web) sur le travail et l’emploi ?– Le marché comme métaphore et comme réalité. Si selon la définition canonique un marché suppose l’existence d’un prix, comment interpréter l’utilisation de la notion pour analyser les relations matrimoniales ? Plus généralement, qu’apporte l’utilisation métaphorique de cette notion à la compréhension de l’économie de la sexualité ? Si l’on peut à juste titrer considérer certaines activités sexuelles (prostitution, sites internet de rencontre, production de contenus pornographiques, sex shops, etc.) à travers ce prisme, quelles sont les spécificités de ces marchés – souvent contestés et parfois illégaux – par rapport aux autres activités économiques ?– Valeurs, prix et rémunérations dans les activités liées à la sexualité. Comment sont fixés les prix des marchandises et services liés à la sexualité ? Quels sont les normes, règles ou cadrages des dispositions (fantasme, ambiance, etc.) contribuant aux logiques de valorisation des activités sexuelles, notamment sur Internet ? En quoi l’économie de la qualité et des singularités (Karpik, 2007) et la sociologie de la valuation (Vatin, 2009) peuvent-elles contribuer à l’analyse des échanges économico-sexuels ?– Morales économiques et régulation de la sexualité. En quoi la régulation de la sexualité (taxation particulière sur la pornographie, absence de nomenclature dédiée à la prostitution dans les PCS, etc.) et la non prise en compte de certaines activités sexuelles dans la comptabilité nationale sont-ils des révélateurs de la morale économique de l’Etat ? Les dynamiques de légalisation et d’interdiction des activités liées au sexe reflètent-elles la « morale » de la société ou résultent-elles de la mobilisation d’entrepreneurs de morale et des jeux d’acteurs au sein des institutions étatiques ?

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