15 novembre 2018
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Pénélope Dechaufour, « Une esthétique du drame figuratif. Le geste théâtral de Kossi Efoui : d’une dramaturgie du détour marionnettique aux territoires politiques de la figuration sur « les lieux de la scène ». », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.v8bsz3
A la croisée d’enjeux aussi bien philosophiques, politiques, qu’anthropologiques, cette thèse en études théâtrales vise à théoriser la notion de « drame figuratif » en analysant l’esthétique singulière que développe Kossi Efoui dans son œuvre dramatique. Dramaturge, philosophe et romancier, né en 1962 au Togo, Kossi Efoui annonce par ses positions politiques et ses partis pris poétiques, dès la pièce Le Carrefour, le tournant esthétique majeur que prendront les dramaturgies d’Afrique noire francophones et des diasporas au début des années 1990. Traversé par l’histoire coloniale et l’histoire des migrations, son théâtre interroge le corps diasporique et remet en question les déterminismes identitaires construits par le discours historique et l’essor du capitalisme depuis les traites négrières. Cette esthétique procède d’un geste théâtral qui relève d’une écriture de la figuration, et dont nous interrogeons le paradoxe afin d’en définir les modalités dramaturgiques. Car dans ce théâtre, le contenu discursif est marqué par une omniprésence du corps, alors que sa représentation fait l’objet d’une quête pour les personnages qui en sont le plus souvent dépourvus. Travaillée par divers modes de production du texte (intertextualité, transtextualité, fragmentation, décomposition, assemblage, geste du plateau) l’écriture dramaturgique opère toutes sortes de détours qui relèvent des univers du masque et des arts de la marionnette et explorent le corps scénique et les dispositifs théâtraux en vue d’un processus de résilience. En analysant cette dramaturgie du détour marionnettique nous questionnons la présence des corps et des voix dans le matériau textuel lui-même, leurs liens avec le plateau, et l’existence possible d’un geste plastique produisant une figure qui émanerait de l’écriture, pour prendre place sur « les lieux de la scène », selon la formule fétiche de Kossi Efoui. Le corps convoque ici des territoires d’ordre politique et se fait l’écho des traumas qui nous hantent et nous mettent collectivement à l’épreuve. En faisant de l’espace théâtral une interface mnémonique, l’écriture emprunte des voies de création transdisciplinaires qui renouvellent notre conception de la dramaturgie et déploient ce que nous identifions comme « une esthétique du drame figuratif ».