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Houda Baïr, « Les défis de l’aménagement du territoire en Tunisie : du gouvernement à la gouvernance ? », HAL-SHS : géographie, ID : 10.7202/1088644ar
La révolution tunisienne de 2010-2011 a placé l’organisation administrative territoriale au cœur du débat politique et des enjeux sociétaux. Elle a été en effet provoquée dans une large mesure par l’accentuation des disparités interrégionales, conséquence de l’absence de résultats des politiques successives d’aménagement du territoire. À la lumière de la théorie de la régulation publique territoriale, ces disparités peuvent être analysées comme un effet du centralisme étatique et de l’exercice autoritaire du pouvoir, qui se sont eux-mêmes inscrits dans la continuité de la gestion politique des beys et du protectorat français. Tout en instaurant en 1956 une rupture politique, les acteurs de l’indépendance n’ont pas échappé à cet héritage. Sur le plan économique, celui-ci a conduit à accorder la priorité à la croissance nationale plutôt qu’au développement des territoires. Portée par une aspiration politique antagonique, la configuration née de la révolution est elle-même porteuse d’un nouveau modèle d’organisation territoriale. Sur la base des orientations adoptées par l’Assemblée constituante élue en octobre 2011, ce modèle a vocation à mettre en œuvre les principes de décentralisation et de régionalisation inscrits dans la Constitution de 2014. Sous la poussée des mobilisations protestataires régionales et des expériences collectives de développement local, la politique d’aménagement du territoire pourrait dès lors passer d’un système gouvernemental centralisé à une géogouvernance multiniveau. Elle prendrait ainsi la forme d’un partenariat actif entre les représentants étatiques et les responsables territoriaux. Ce serait là tout à la fois une modalité majeure et un mode de consolidation du processus de transition démocratique.