4 septembre 2012
Maria Barredo, « Les inscriptions urbaines de Banksy: entre oxymore et paralipse », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.vb3ay6
L'un des aspects caractéristique de l’artiste-graffeur Banksy consiste dans l’inscription systématique de son œuvre dans des espaces publics traversés par des flux quotidiens de personnes. Il s’agit évidemment d’une appropriation de l’espace urbain et simultanément d’une interpellation individuelle de chaque piéton devenant spectateur. Néanmoins, le constat qui s’impose réside dans la polémique qui a donné une renommée mondiale aux inscriptions artistiques de Banksy. On n’efface pas ses graffitis : on les photographie et on les multiplie sous forme de cartes postales. Au-delà du dilemme posé par le statut de ses réalisations, entre graffiti et manifestation artistique, entre envahissement de la voie publique et questionnement de l’accès à l’art, nous ne pouvons négliger qu’il établit un dialogue avec les passants, c’est-à-dire une rhétorique visuelle. Cette rhétorique fonctionne grâce à son emplacement inattendu d’abord, et sur un plan conceptuel, grâce aux figures identifiables dans la praxis énonciative. La mise en discours comporte l’image (parfois accompagnée d’un texte) et son support, ce dernier étant tout aussi pertinent pour l’effet de sens recherché. C’est justement cet ensemble qui fait émerger différents tropes et déclenche un conflit cognitif pour la personne qui regarde. L’oxymore et la paralipse qui constituent deux isotopies de l’œuvre de Banksy invitent à s’interroger sur les rapports entre rhétorique persuasive et esthétique (Klinkenberg). Lorsque les deux figures se retrouvent et s’entrecroisent, à quelle étape de la chaine confrontation-médiation-résolution (Fontanille) se situe le discours visuel ? En outre, il ne faut pas oublier que la question du fond reste toujours liée à cet ancrage de l’œuvre dans le paysage urbain. Ce qui nous amène à la fonction critique de l’art : peut-elle déborder le cadre de l’œuvre et s’insérer illicitement dans l’espace public ? Et inversement, cette manifestation artistique aurait-elle la même signification dans un contexte établi au préalable, tel qu’un musée ? Cela n’altèrerait-il pas en effet les deux figures susmentionnées et emblématiques de l’art de Banksy ?