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informateur : Werquin (Madame) et al., « Une mère et son fils se disputent le récit de leur vie dans le Nord de la France durant les deux guerres », Ganoub, archives sonores de la recherche, ID : 10670/1.vejyj9
La personne interrogée est née en 1901 dans la région de Lille mais c’est davantage son fils qui répond aux questions de l'enquêtrice, en prenant la parole pour sa mère. Par un procédé de mise en abîme, l’enquêtrice d’origine allemande, se voit elle-même interrogée par le couple mère-fils. L’enquêtrice cite à plusieurs reprises les récits de sa grand-mère pour évoquer la vie en Allemagne. Elle raconte qu’elle a été scolarisée jusqu’au brevet, qu’elle n’a pas pu obtenir à cause de la guerre : elle n’a pas pu réaliser son rêve de devenir institutrice. Elle aide alors sa mère qui tient un café et, une fois mariée, fait quelques ménages. Son mari réalisait des forages de puits artésiens. Son fils se rappelle précisément des chiffres, comme du salaire de son père : 600 francs par mois au coût de la vie, du prix d’une place de cinéma, d’un paquet de cigarette... Il se souvient également de ses jouets d’enfant : le train, le jeu de construction Meccano… Durant la Seconde Guerre mondiale, il souhaite s’engager dans l’aviation mais n’a pas atteint la majorité, fixée à 21 ans. Il travaille en usine pour ne pas partir en Allemagne, tandis que son père est "affecté spécial" pour faire des forages. De cette période, ils retiennent les privations, le marché noir, les habitations peu confortables. Ils évoquent la vie quotidienne, la marche à pied pour aller à l’école, la tenue des écoliers et la tradition catholique. En 1940, la famille tente de rejoindre la zone non occupée, comme tout le monde dans le Nord. Lors de cette fuite, le fils se souvient que les Allemands lui confisquent son vélo qu’il avait obtenu pour son certificat d’études. La famille est contrainte de faire demi-tour.