16 octobre 2018
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Stephen Rookes, « De la baie des cochons au Lac Tanganyika : les acteurs armés non étatiques dans la crise du Congo, 1960-1967 », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.vekpa5
Alors que la République Démocratique du Congo devient indépendant en juin 1960 seulement quelques semaines après le pays va connaitre une crise politique et sociale qui va durer sept ans. Cette "crise du Congo" qui durera sept ans voit l'arrivée de mouvements sécessionnistes, de rébellions populaires et des forces militaires externes. Dans le cas de le province de Katanga, le moteur économique de la DRC, ces forces militaires externes sont composées de mercenaires européens, sud-africains et/ou rhodésiens embauchés et payés par les sociétés minières belges. Bien que les Nations-unies obligent le départ des mercenaires et arrivent à restaurer l'intégrité de la DRC, dès leur départ en 1963 le pays sombre de nouveau dans le désordre. En effet, une rébellion rurale d'inspiration marxiste et soutenue par la République Populaire de Chine gagne deux tiers du pays. Pire, en juillet 1964, la deuxième ville de la DRC, Stanleyville, est capturé par les forces rebelles et ces Simba menacent la vie de quelques centaines d'Européens, la plupart des citoyens belges.Pour les Etats-Unis qui tentent depuis quatre ans de faire régner la stabilité au Congo, les Simba représentent un vrai danger du fait de leur soutien par la Chine et d'autres pays africains radicaux. Aux yeux des Etats-Unis ce soutien signale que le communisme risque de prend pied dans l'Afrique centrale. En respect des idéologies telles que de Containment et de l'Effet Domino ce n'est pas une situation qui peut perdurer.En manque de forces armées capables de lutter efficacement contre les rebelles tout en gardant leur intervention secrète, les Etats-Unis forment une alliance avec la Belgique et une Armée nationale congolaise (ANC) renforcée par le retour de centaines de mercenaires blancs. D'ailleurs, les Etats-Unis fournissent leurs propres forces clandestines constituées d'exilés cubains recrutés par la CIA. Ces Exilés ont participé dans un nombre d'opérations clandestines montées par la CIA et, notamment, l'invasion de la Baie des Cochons qui visait à déposer Fidel Castro. En participant à ces opérations en avril 1961, ils rejoignent la liste de combattants anti-communistes utilisée par la CIA en Chine, et au Guatemala.Composé de pilotes d'avion et aussi d'une petite force commando, ces Exiles nommées collectivement le Makasi contribuent aux opérations qui visent à libérer Stanleyville et vaincre la rébellion. D'ailleurs, à partir de septembre 1965, une force navale composée d'Exilés va aussi mener des opérations sur le Lac Tanganyika. Ces opérations consistent empêcher l'arrivée dans les zones rebelles des vives et de munitions nécessaires pour la suite de la rébellion. Fournies par les pays tels que la Chine et l'Algérie, les forces rebelles reçoivent de l'aide de la part de Che Guevara. Envie de provoquer une révolution populaire en Afrique, Guevara restera au Congo que six mois. Sa présence dans ce pays ayant été vite détectée par les Etats-Unis, les Exilés cubains en sont avertis et considèrent que la guerre au Congo leur offre la possibilité de prendre une revanche sur Castro et la défaite à la Baie des Cochons.