22 mars 2022
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Jean Estebanez et al., « Une seule santé : discussion en sciences sociales d’un programme mondial », HAL-SHS : géographie, ID : 10.1051/parasite/2022014
Cet article introduit le numéro spécial de la revue Parasite dédié à des travaux soutenus par le Domaine d’Intérêt Majeur de la Région Île-de-France One Health [2016–2022]. Nous montrons ainsi l’articulation entre les quatre articles constituant ce numéro. Jérôme Michalon rappelle la généalogie de One Health et propose une définition qui engage : un mot d’ordre épistémique. Estera Badau illustre le propos avec le cas de l’antibiorésistance en montrant comment One Health résulte d’une série de formulations et de la mise en relation d’une pluralité de domaines et d’acteurs, notamment scientifiques, gestionnaires ou porteurs de politiques publiques. Nicolas Lainé et Serge Morand montrent la façon dont One Health s’inscrit dans des tentatives déjà initiées en période et contexte colonial. Dans ce cadre, ils mettent en avant la nécessité de (re)légitimer le savoir local et celui des non-humains, afin de réellement décoloniser One Health et de mieux prévenir les émergences épidémiques. Enfin, Frédéric Keck, Nicolas Lainé, Arnaud Morvan et Sandrine Ruhlmann montrent comment réservoir zoonotiques et pratiques culturelles s’articulent dans le cadre de trois sociétés spécifiques. Cet article met ensuite en avant deux apports principaux des sciences sociales. 1) réfléchir à la généalogie de One Health , à la façon dont la question est cadrée et par quels acteurs. Il apparait ainsi que les questions de pratiques, de représentations sociales mais aussi d’environnements sont moins présentes que les enjeux de médecine humaine et animale, alors même que les zoonoses sont fortement liées à des modifications des relations entre humains, animaux et environnement. L’anthropocène, et sans-doute plutôt le capitalocène, voire certaines de ses déclinaisons, comme le « domesticoscène » apparaissent ainsi comme des éléments clés. 2) Proposer des méthodes et des outils qui permettent de rendre opérationnel One Health , en plaidant pour une vision moins asymétrique des types de savoirs (scientifiques, locaux, non-humains) et plus contextualisée des recommandations de santé globale.