1 février 2024
Cyril Marcigny et al., « Les archéologues peuvent-ils produire de nouvelles sources pour les historiens des conflits récents ? L'exemple de la carrière-refuge de la brasserie Saingt à Fleury-sur-Orne (Calvados) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.vfhrn7
La redécouverte par les archéologues, en 2014, de l’une des nombreuses carrières-refuges utilisées par les civils pris sous les bombes lors de la bataille de Caen (juin-juillet 1944), a offert l’opportunité de mettre en place une opération archéologique à caractère expérimental permettant de confronter différents types d’analyses, au croisement de l’archéologie, de l’histoire, de la sociologie et des sciences de l’ingé-nieur. Ce programme de recherche, débuté en 2015 (sous la codirection de L. Dujardin et C. Marcigny), associe des chercheurs de l’Inrap, du CNRS, de l’INSA Strasbourg et des spéléologues de l’ESH (Équipe spéléologique d’Hérouville). Véritable conservatoire archéologique, le site de la carrière Saingt offre de nombreux champs d’investigations, que ce soit sur les modalités d’occupation des lieux au cours des événements de 1944, les comportements sociaux en milieu confiné ou l’archéologie industrielle. Dans le but de préserver l’intégrité de ce site exceptionnel, les méthodes d’acquisition de données que nous utilisons sont non destructives et favorisent le recours à des techniques d’enregistrement et de prise de mesures sans contact (balayage laser et photogrammétrie). Ces relevés permettent non seulement de produire des données 2D (coupes ou élévations), mais aussi, et surtout des modèles 3D calculés à partir des nuages de points, des vues en perspective photoréalistes. Ils offrent la possibilité de naviguer dans des modèles 3D à l’appui d’outils dédiés à la visualisation de l’environnement. L’ensemble des éléments structurels de la carrière a fait l’objet d’un relevé précis ; il est consultable grâce à un modèle 3D géométrique et photoréaliste. Les objets archéologiques ont également été géoréférencés et numérisés pour être associés au modèle numérique de terrain (MNT) global. Ce procédé constitue un outil de premier ordre permettant de proposer une analyse spatiale des lieux et une interprétation fonctionnelle des différents espaces occupés. Une des problématiques de notre recherche est donc de déterminer si cette lecture, très archéo-logique, peut constituer une nouvelle source pour les historiens qui travaillent sur cet épisode historique.