11 décembre 2010
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Christophe Becker, « L'influence de William S. Burroughs dans l'oeuvre de William Gibson et de Genesis P-Orridge », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.vgsgfq
L’influence de l’écrivain américain William S. Burroughs (1914-1997) sur des artistes d’horizons différents est aujourd’hui bien documentée. Peu d’artistes ont toutefois dépassé le stade de la simple influence pour véritablement travailler à prolonger son œuvre et la porter dans des directions inédites. Mon travail a consisté à étudier les œuvres de deux artistes qui ont précisément fait ce choix : l’écrivain américain William Gibson et le musicien, « performer » et essayiste anglais, Genesis P-Orridge. Je me suis penché sur l’univers représenté dans les romans de Gibson et les textes programmatiques de Orridge, affirmant l’importance de l’œuvre burroughsienne pour le « Cyberpunk », sous-genre de la science-fiction, mais aussi la « Musique Industrielle », apparue en Angleterre et aux Etats-Unis en 1976-1977. J’ai étudié les groupes fictionnels qui émergent de ces mondes dystopiques, ainsi que l’idée de société alternative qu’ils proposent tout en soulignant l’actualité des questions ainsi posées au lecteur (redéfinition des notions de « copyright » ou de « propriété intellectuelle »). J’ai étudié les évocations, mentions et citations de William S. Burroughs dans les œuvres de Gibson et Orridge, en me posant la question de leur fonction précise, et analysé les nouvelles modalités textuelles et narratives qu’ils proposent. Enfin, je me suis concentré sur le sens que prend, chez Orridge, la substitution du corps vivant à la page, et chez Gibson la programmation d’un texte destiné à s’effacer au fur et à mesure que le lecteur en a pris connaissance.La thèse a également permis de démontrer l’investissement, par William Gibson, de la technique du cut-up burroughsien (technique qui consiste à découper des textes avant de replacer les fragments ainsi obtenus dans un ordre différent et d’engendrer des phrases et un texte nouveaux) afin d’une part de construire un monde qui semble élaboré à partir de recommencements perpétuels, d’autre part de proposer une alternative à l’absolutisme du Mot.J’ai également démontré l’utilisation de la technique du cut-up par Genesis P-Orridge, qui l’applique, d’abord au domaine musical, puis au corps lui-même en remplaçant le texte par la peau, la paire de ciseaux par les outils chirurgicaux, et en transformant son corps en œuvre d’art.