29 novembre 2017
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Patrick Callet, « De Saint-Denis à Royaumont -Du pigment au pixel », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.vjx8ev
L’étude du gisant polychrome de Philippe-Dagobert aujourd’hui installé dans la nécropole royale de Saint-Denis a fait l’objet d’une série d’études scientifiques entreprises en 2004-2005 à l’École Centrale Paris. Outre les mesures et simulations spectrales effectuées pour retrouver “une couleur plausible” de l’état d’origine de la sculpture, deux films vidéo ont été produits. Un film grand public, en français et en espagnol, ainsi qu’un film portant sur les prélèvements et les analyses réalisées par le LRMH. La structure multicouche des traces de peintures restantes ne permettait pas de retrouver complètement les couches picturales les plus profondes pouvant attester de la “couleur-matière” de la sculpture. Ayant identifié les parties peintes dans l’état d’origine supposé, nous avons numérisé, la totalité du gisant et son soubassement. Une réplique 3D en résine stéréophotolithographique a été fabriquée en 2005 avec essais de peintures réelles. Les couches picturales apparentes nous ont notablement renseignés, mais il manquait toujours une information capitale lorsque l’on parle de couleur... la lumière. Dans quel environnement lumineux, naturel ou non, cette sculpture baignait-elle ? Originaire de l’église abbatiale de Royaumont, nécropole des enfants royaux, où Philippe-Dagobert fut le premier défunt résident. Où donc se plaçait ce gisant, dans l’église abbatiale ? L’éclairage naturel provenait-il d’un vitrail polychrome ou en grisaille ? Quel système de lampes ou autre dispositif était utilisé pour mettre en valeur peintures et dorures dans un édifice “chromatiquement paradoxal“ puisqu’à la fois royal et cistercien ? Avec la Fondation Royaumont, nous avons pu étudier le lieu et son histoire, dans le but de retrouver la forme et les attributs lumineux et acoustiques de l’église abbatiale détruite après la Révolution de 1789. Bien des éléments donnaient des indications sur la façon dont la lumière pouvait être présente dans l’édifice disparu. Nous avons décidé de reconstruire numériquement l’église abbatiale en 3D pour tenter de retrouver la lumière disparue, objet d’un autre film vidéo qui fut présenté lors de l’exposition Saint Louis, à la Conciergerie de Paris. L’article expose la démarche et les questionnements sur la validité des hypothèses de reconstruction des lumières et matières médiévales au regard de ce que ces usages symboliques pouvaient bien signifier au XIIIe siècle.