27 octobre 2023
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Roger Bozzetto, « Théorie littéraire et genre fantastique », Presses universitaires de Caen, ID : 10670/1.vmjp0r
Avant de s’interroger sur les théories touchant au fantastique, il paraît nécessaire de poser la question des rapports du genre avec les textes qu’on y rapporte. Comme l’énonce Gilles Deleuze, « [l]e genre relève du discours abstrait et généralisateur, les textes d’une pratique concrète dans le champ de l’écriture » (Foucault, 1986). Cette communication s’intéresse dès lors à l’origine des théories du « genre » fantastique en liaison avec les textes qui lui sont consubstantiels, puisque toute théorie d’un genre est tributaire d’un corpus. On propose ici un parcours historique, depuis les premiers textes et les premières théories – formulées par Jean-Jacques Ampère, Théophile Gautier et Charles Nodier, qui réagissent à l’irruption d’Hoffmann dans le panorama littéraire français des années 1830 – aux théories classiques, et jusqu’à quelques approches nouvelles, tout aussi critiquables. Alors que la critique universitaire de la période « classique » – représentée en France par Pierre-Georges Castex, Roger Caillois, Tzvetan Todorov, et d’autres – a présenté l’événement fantastique comme une déchirure dans la trame de la légalité quotidienne, tout un courant de la critique récente a essayé de prendre en compte non seulement les effets d’ambiguïté ou d’étrangeté, mais aussi l’angoisse, la terreur, la répulsion, l’horreur. L’on passe ainsi de l’« hésitation » à l’« inimaginable », et, pourrait-on dire avec Julio Cortázar, d’une « conception intellectuelle » à « un sentiment face à la réalité » (Entretiens avec Omar Prego, 1986).