2018
Cairn
Bruno Belhoste, « Franz Anton Mesmer : magnétiseur, moraliste et républicain », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.vo1jeg
Cet article vise à réévaluer la dimension politique de l’œuvre de Mesmer, en montrant l’engagement du fondateur du magnétisme animal dans les luttes de son temps. Une première partie est consacrée à son action pendant la Révolution. Au cours de son séjour dans la capitale autrichienne entre 1790 et 1793, Mesmer joue un rôle important dans le « complot jacobin » de Vienne. Son retour à Paris, en 1798, marque aussi son retour sur la scène publique. Mesmer tente alors, sans aucun succès, de faire connaître ses conceptions à l’opinion, non seulement sur la doctrine du magnétisme animal mais aussi sur la nature de l’homme et l’organisation de la société. C’est dans une quasi-indifférence que celles-ci seront finalement publiées dans une traduction en allemand en 1814. Revenant sur la période antérieure à la Révolution, la deuxième partie de l’article étudie la genèse des idées politico-morales de Mesmer. Celles-ci s’élaborent par étapes, alors même que la doctrine du magnétisme animal semble encore confinée à la sphère médicale. Nées dans le cadre de la médecine viennoise, marquée par le despotisme éclairé, elles prennent une tournure critique pendant le séjour de Mesmer à Paris, lorsque le magnétisme animal devient une passion publique. C’est alors que le thème unificateur de l’harmonie s’impose dans la doctrine du magnétisme animal. Cette transformation a déjà été étudiée par Robert Darnton, à propos de Bergasse et de ses partisans, mais on verra que le principal initiateur en est Mesmer lui-même. Enfin, la dernière partie de l’article entre dans le contenu même des théories morales et politiques de Mesmer, telles qu’elles ont été exposées d’abord dans ses leçons de 1784, puis développées dans des écrits publiés tardivement, en allemand en 1814, puis en français entre 1846 et 1848.