Les calculs intéressés de la Guerre froide : L’Economic Commission for Europe et le monde socialiste face à la révision de la quantification du développement

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2018

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L’étude de la coopération entre deux organisations internationales supposées faibles, l’Economic Commission for Europe (ECE) et le Conseil d’aide économique mutuelle (COMECON), montre comment l’élaboration d’indicateurs statistiques de développement constitue un enjeu de Guerre froide. Ceux-ci participent en effet de la légitimation scientifique de systèmes socio-politiques antagonistes. L’ECE et le COMECON s’engagent fortement, entre le milieu des années 1960 et celui des années 1980, dans la production d’un nouveau savoir statistique sur le développement social, ainsi que dans l’organisation de la comparabilité des statistiques économiques existantes. L’investissement dans le champ nouveau des indicateurs sociaux participe d’une stratégie d’autonomisation institutionnelle et de légitimation politique à long terme, vis-à-vis de leurs États membres et d’organisations internationales concurrentes. La persistance d’une coopération à contretemps entre l’ECE et le COMECON échoue à imposer les indicateurs sociaux comme indicateurs majeurs de la quantification du développement. Elle contribue cependant à construire un réseau paneuropéen d’experts de la statistique qui maintient le bloc de l’Est dans les échanges intellectuels européens de la Guerre froide.

Studying the co-operation between the Economic Commission for Europe (ECE) and the Council for Mutual Economic Assistance (COMECON) allows understanding to what extent the shaping of statistical development indicators constitutes a Cold War challenge. These indicators contributed to the scientific legitimation of antagonistic socio-political systems. Between the mid 1960s and the mid 1980s, the ECE and the COMECON were very active in elaborating a new statistical knowledge about social development, as well as in organising the comparability of existing economic statistics. This engagement in the new field of social indicators was part of a strategy promoting their institutional autonomy and political legitimacy in the long term, vis-à-vis both their Member States and competing international organisations. The failed coordination of their co-operation agendas prevented the adoption of social indicators as the main development indicators on the international stage. However, their collaboration contributed to the shaping of a panEuropean network of statistical experts, which kept the Eastern Bloc part of the scientific exchanges that took place during the Cold War.

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