2013
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VertigO : La revue électronique en sciences de l’environnement ; vol. 13 no. 3 (2013)
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Clémence Massart, « La maladie de Lyme entre cadrage infectieux, vectoriel et zoonotique : vers une écologisation des problèmes sanitaires ? », [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10670/1.vo7cxr
Cet article est consacré à la qualification de la maladie de Lyme en France. Principale pathologie vectorielle de l’hémisphère nord, la maladie de Lyme est transmise par une tique du genre Ixodes (Ixodes ricinus en Europe ; Ixodes persulcatus en Asie ; Ixodes scapularis aux États-Unis et au Canada). Les médecins et les malades ont d’abord développé un cadrage infectieux, ancré dans la santé humaine, réservé à Lyme et soumis à une vive controverse. Progressivement, un second cadrage vectoriel s’est structuré autour des entomologistes médicaux puis des écologues, généralement étrangers à la problématique des maladies humaines. Axé sur le vecteur, ce cadrage englobe les autres maladies transmises par Ixodes ricinus en Europe qui, durant les 30 dernières années, n’ont cessé d’être découvertes : bartonnelles, babésioses, tularémie, encéphalite à tiques, etc. Combinée à ces nouvelles pathologies, la notoriété de Lyme a finalement contribué à ouvrir la catégorie « transmission vectorielle » – traditionnellement associée aux moustiques des pays tropicaux – aux tiques et aux maladies de l’hémisphère nord qu’elles véhiculent. Un troisième cadrage axé sur les réservoirs et qualifié de zoonotique commence enfin à se dessiner. Il faut reconnaître dans cette juxtaposition des cadrages – infectieux, vectoriel et zoonotique – une forme d’écologisation des problèmes sanitaires.