2011
Cairn
Elena Pulcini, « Le don à l'âge de la mondalisation », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.vp4s0p
Si l’on assume le don comme le « troisième paradigme » entre le holisme et l’individualisme, repenser le don à l’âge de la mondialisation signifie en premier lieu repenser, soit l’individualisme, soit le holisme, pour en souligner les transformations (pathologiques) produites par la globalisation. L’individualisme n’est plus (seulement) définissable à travers le modèle utilitariste de l’ homo oeconomicus caractéristique de la première modernité, mais il prend une configuration entropique et narcissique : que l’on peut résumer par les figures exemplaires du spectateur (insécurité, impuissance) et du consommateur (illimitation, passivité). Le holisme assume la forme inédite du communitarisme, qui présente le plus souvent des configurations tribales, destructives et exclusives, fondées sur l’opposition nous-eux. On assiste donc à une polarisation entre le Moi (insécurité, illimitation, atomisme, indifférence) et le Nous (fusionnalité, entropie, violence) : entre l’absence de lien (et de pathos) et l’ excès de lien (et de pathos).Le don peut être vu en tant qu’événement, concret et symbolique, qui permet de recomposer cette polarisation : à la double pathologie de l’individualisme et du communitarisme (obsession du Moi-obsession du Nous), le sujet de don répond avec la relation Moi-Toi : il reconstruit le lien social dans la conscience de sa propre vulnérabilité et le respect de la singularité de l’autre.