2023
Cairn
Guillaume Ansart, « Condorcet, science et démocratie », Lumières, ID : 10670/1.vp82et
Condorcet a beaucoup réfléchi sur les rapports entre science et démocratie. Il était fermement convaincu que progrès scientifique et progrès en matière politique et sociale sont indissociables. Il souhaite donc voir se constituer une nouvelle science « démocratique » qu’il nomme mathématique sociale, dont l’objet sera l’application du calcul des probabilités et des méthodes statistiques à l’étude des faits sociaux, dont les applications pratiques pourront facilement être vulgarisées, et qui servira par conséquent à éclairer les citoyens dans leurs choix politiques et sociaux. De même, les éloges écrits pour l’Académie royale des sciences montrent que Condorcet considérait la propagation des connaissances scientifiques à travers la société comme l’une des principales missions de l’homme de science. Il y fait l’éloge de nombreux ouvrages de vulgarisation et du développement d’institutions à mission scientifique et éducative. En même temps, la première grande révolution politique et épistémologique de l’histoire de l’esprit humain, l’émancipation générale de la pensée dans la Grèce antique, atteste la nécessité, pour que la démocratie et la science puissent pleinement s’épanouir, de maintenir la séparation institutionnelle entre science et politique. Il semble ainsi que Condorcet ait pressenti les risques de dérive technocratique inhérents aux démocraties modernes.