26 juin 2019
Simon Heichette, « Les cadres salariés du secteur social et médico-social. Quand le managérialisme instrumentalise l’encadrement », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.vpdn1h
Cette thèse en sociologie propose l’analyse d’un processus de mutations qui a pris forme au sein du secteur social et médico-social français : celui des personnels de statut cadre, salariés par les associations qui composent ce champ d’activité intégré à l’action publique. Si, en interne de ce secteur, les fonctions salariales d’encadrement ont été construites comme des prolongements des métiers sociaux, plusieurs éléments ont fait évoluer cette situation. Tandis que les luttes en faveur de l’obtention de statuts pour les cadres ont longtemps demeuré un moyen pour affermir la stabilité du travail social tout entier, elles se sont progressivement autonomisées des revendications portées par les professionnels de métier. Parallèlement, une nouvelle structure managériale s’est déployée, fondée sur une dissociation entre l’encadrement opérationnel du travail social et un nouveau management à distance préposé à la gestion de l’activité. Enfin, bien que les cadres du social soient longtemps restés attachés à des identités relativement proches de celles des travailleurs sociaux, de nouvelles subjectivités sont finalement apparues.Suivant l’hypothèse de ce travail, ces métamorphoses résultent d’un processus de désencastrement de ce secteur vis-à-vis de l’ancrage sociohistorique qui l’avait engendré. Initialement lié au « traitement social de la question sociale », le champ professionnel du social fait l’objet d’une réélaboration à l’aune d’une logique néolibérale immiscée au cœur de l’action publique. C’est au sein de cette transformation que s’inscrit la production d’un univers en soi, celui des cadres, en cours de déconnexion vis-à-vis du travail social.