Points, trames, chemins. Sur les pas de rescapés arméniens du génocide de 1915

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Voir apparaître les traces de la persécution au cours de déplacements migratoires, c’est ce que propose cette étude de cas, fondée sur l’examen des trajectoires de migrants arméniens originaires de l’Empire ottoman, privés de leur nationalité par la Turquie kémaliste au début des années 1920, contraints à l’exil. Tournant le dos à un monde disparu, ils émigrent des ports de Méditerranée orientale vers une Europe occidentale en quête de main-d’œuvre, ou vers les Amériques. Ces départs, en raison des formalités qu’ils requièrent, ont conduit les réfugiés arméniens à faire des déclarations aux autorités dont il reste quelques mots dans une liste ou un formulaire. De sorte qu’une documentation administrative, conçue pour identifier les personnes et contrôler les passages aux frontières, en vient à délivrer des indices de la destruction génocidaire qui a frappé les Arméniens ottomans durant la Première Guerre mondiale. Le suivi des itinéraires agit donc comme le révélateur d’un passé violent et invite à une réflexion méthodologique sur l’emploi, par l’historien, de sources ordinaires sans rapport direct avec les persécutions dont il entend traiter.

This case study examines the trajectories of Armenian migrants from the Ottoman Empire who were deprived of their nationality by Kemalist Turkey in the early 1920s and forced into exile. Turning their backs on a world in ruins, they emigrated from the ports of the Eastern Mediterranean to European countries looking for workers, or to the Americas. These departures led Armenian refugees, involved in numerous formalities, to make declarations to the authorities, a few words of which remain in a list or form. In this way, administrative documentation, designed to identify individuals and control border crossings, comes to provide clues to the genocidal destruction that befell Ottoman Armenians during the First World War. The tracking of itineraries thus acts as a revelation of a violent past, and endeavours also to address a methodological issue on the use of ordinary sources that do not directly tackle the persecutions the historian intends to deal with.

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